Depuis la 7ᵉ édition du PMBOK (Project Management Body of Knowledge), le Project Management Institute (PMI) ne parle plus de processus, mais de principes. Une évolution majeure, qui transforme la manière de concevoir la gestion de projet.
Découvrons ensemble ces 12 principes du PMBOK 7, leur signification et leur application concrète au quotidien.
- Les principes remplacent les processus, pour une approche plus universelle.
- Le chef de projet devient un leader responsable, centré sur la valeur.
- Le PMBOK 7 encourage l’adaptabilité et l’amélioration continue.
Quels sont les 12 principes du PMBOK 7 ?
Le PMBOK 7 propose une approche basée sur des principes universels plutôt que sur des étapes prédéfinies. L’objectif est de donner un cadre adaptable à tout type de projet, quelle que soit la méthode utilisée (classique, agile, hybride).
Voici les 12 principes, que nous allons détailler un à un :
- Être un steward diligent, respectueux et attentionné
- Créer un environnement de collaboration
- Engager les parties prenantes efficacement
- Se concentrer sur la valeur
- Reconnaître et adapter aux systèmes et contextes
- Faire preuve de leadership
- Adapter les approches en fonction du contexte
- Gérer la qualité
- Faire preuve de résilience et d’adaptabilité face à l’incertitude
- Favoriser une amélioration continue
- Gérer la complexité
- Optimiser les résultats et performances
1) Être un steward diligent, respectueux et attentionné
Le stewardship (ou gérance responsable) est au cœur du premier principe.
Le chef de projet n’est pas seulement un exécutant, c’est un gardien de la confiance placée en lui par l’organisation et les parties prenantes.
Cela implique :
- D’agir avec intégrité et transparence.
- D’utiliser les ressources de manière responsable.
- De respecter les règles, les personnes et les engagements pris.
Le steward veille à l’équilibre entre les intérêts individuels, collectifs et organisationnels.
Par exemple, un chef de projet qui refuse de falsifier un rapport d’avancement malgré la pression hiérarchique démontre un vrai stewardship.
C’est une posture éthique, qui fait du professionnalisme et de la confiance des valeurs fondamentales du management de projet.
2) Créer un environnement de collaboration
Le second principe invite à bâtir une culture de coopération.
Une équipe performante repose sur la confiance, la communication et la bienveillance. Le chef de projet doit donc favoriser un climat de travail où chacun peut s’exprimer et contribuer librement.
Concrètement :
- Instaurer des rituels réguliers (réunions d’équipe, rétrospectives, points d’avancement).
- Encourager la transparence des échanges.
- Reconnaître les réussites collectives.
Un environnement collaboratif améliore la créativité, la motivation et la résolution de problèmes.
Le chef de projet devient un facilitateur, pas un contrôleur. Il élimine les obstacles, écoute les besoins et soutient son équipe.
Ce principe rejoint les approches agiles où la performance collective prime sur le contrôle individuel.
3) Engager les parties prenantes efficacement
Une partie prenante (stakeholder) est toute personne ou groupe influencé par le projet ou capable d’en influencer le résultat.
La réussite d’un projet dépend directement de la qualité de cet engagement.
Le chef de projet doit donc :
- Identifier les parties prenantes dès le démarrage (internes, externes, clients, utilisateurs, fournisseurs).
- Comprendre leurs besoins, attentes et zones de pouvoir.
- Communiquer de manière adaptée selon leur profil.
Par exemple, un sponsor attend de la visibilité stratégique, tandis qu’un utilisateur final veut des fonctionnalités simples à utiliser.
Une matrice pouvoir/intérêt ou un registre des parties prenantes permet de suivre leur engagement.
Un chef de projet efficace agit en médiateur pour prévenir les conflits, clarifier les priorités et maintenir l’adhésion jusqu’à la livraison.
4) Se concentrer sur la valeur
Le quatrième principe replace la valeur au centre de la gestion de projet.
Traditionnellement, le succès se mesurait par le respect du triptyque coût – délai – qualité.
Aujourd’hui, un projet est considéré comme réussi s’il crée de la valeur mesurable pour ses bénéficiaires.
Cela signifie :
- Comprendre les objectifs stratégiques du projet.
- S’assurer que les livrables produisent un impact réel (gain de temps, satisfaction client, économies, innovation).
- Ajuster le périmètre si certaines tâches n’apportent pas de bénéfice.
Prenons un exemple : si une fonctionnalité logicielle coûte cher et n’est presque jamais utilisée, elle ne crée pas de valeur.
Le rôle du chef de projet est donc d’orienter les décisions vers la valeur la plus forte.
Cette vision s’inscrit dans la logique du value management, où chaque action doit contribuer aux objectifs stratégiques.
5) Reconnaître et adapter aux systèmes et contextes
Un projet n’existe jamais isolément. Il s’inscrit dans un système organisationnel, politique et humain.
Ce principe appelle à adopter une pensée systémique, c’est-à-dire à comprendre les interconnexions entre les éléments d’un environnement.
Exemple concret :
Une décision prise sur un projet peut impacter d’autres projets du portefeuille, modifier des processus ou créer des dépendances inattendues.
Le chef de projet doit donc :
- Analyser les relations de cause à effet.
- Comprendre la culture de l’organisation.
- Adapter ses pratiques en fonction du niveau de maturité de l’entreprise.
En adoptant cette posture, il évite les effets de bord et renforce la cohérence globale du système projet.
6) Faire preuve de leadership
Le leadership est la capacité à influencer, inspirer et guider les autres.
Dans le PMBOK 7, le chef de projet est un leader de changement, capable d’unir des profils variés autour d’une vision commune.
Ses missions :
- Donner du sens au projet.
- Motiver l’équipe malgré les contraintes.
- Ecouter et coacher plutôt que diriger de manière autoritaire.
Le leadership s’exprime aussi par l’exemplarité : le chef de projet doit incarner les valeurs qu’il défend.
Par exemple, admettre une erreur renforce la crédibilité et la confiance de l’équipe.
Un bon leader crée un climat où la responsabilité partagée devient naturelle, favorisant la performance collective.
7) Adapter les approches en fonction du contexte
Ce principe est la clé de la flexibilité dans la gestion de projet moderne.
Chaque projet possède sa propre réalité : taille, durée, niveau d’incertitude, culture d’entreprise, contraintes réglementaires…
Aucune méthode (Agile, Waterfall, Prince2, etc.) n’est universelle.
Le chef de projet doit donc adapter les outils, techniques et méthodes à son environnement :
- Une approche prédictive pour un projet industriel très normé.
- Une approche agile pour un projet numérique à forte incertitude.
- Une approche hybride pour combiner rigueur et agilité.
Cette capacité d’adaptation exige du discernement et une bonne connaissance des différentes méthodologies.
Le bon chef de projet n’est pas celui qui applique un cadre, mais celui qui choisit intelligemment celui qui convient.
8) Gérer la qualité
La qualité, dans le PMBOK 7, n’est plus un simple contrôle en fin de projet.
Elle est considérée comme un état d’esprit collectif, intégré à chaque étape du cycle de vie.
Gérer la qualité signifie :
- Définir des critères de satisfaction clairs avec les parties prenantes.
- Assurer un contrôle régulier des livrables.
- Impliquer l’équipe dans une démarche d’amélioration permanente.
Par exemple, une revue de code hebdomadaire dans un projet informatique permet de prévenir les défauts avant qu’ils ne s’accumulent.
La qualité n’est pas un coût supplémentaire, mais un investissement qui sécurise la réussite du projet.
9) Faire preuve de résilience et d’adaptabilité face à l’incertitude
L’incertitude fait partie intégrante de la gestion de projet.
Ce principe encourage les chefs de projet à développer une posture de résilience — c’est-à-dire la capacité à réagir et à s’ajuster rapidement face à l’imprévu.
Concrètement :
- Mettre en place un plan de gestion des risques avec identification, évaluation et plans de réponse.
- Revoir régulièrement les hypothèses du projet.
- Anticiper différents scénarios.
La résilience ne consiste pas à éviter les problèmes, mais à savoir les absorber sans perdre la direction.
Un projet résilient est un projet capable de continuer à avancer malgré les turbulences.
10) Favoriser une amélioration continue
L’amélioration continue est une démarche d’apprentissage collectif.
Le chef de projet doit encourager son équipe à analyser les réussites et les erreurs pour en tirer des enseignements.
Les outils les plus utilisés :
- Les rétrospectives en fin de phase ou d’itération.
- Les leçons apprises (lessons learned) documentées et partagées.
- Des revues post-projet pour capitaliser les bonnes pratiques.
L’objectif : éviter de reproduire les mêmes erreurs et renforcer la maturité organisationnelle.
Une équipe qui apprend devient plus performante à chaque projet.
Ce principe rapproche la gestion de projet du Kaizen, concept japonais d’amélioration continue issu du Lean Management.
11) Gérer la complexité
La complexité résulte du nombre d’interdépendances, d’acteurs et d’incertitudes dans un projet.
Plus un projet est vaste, plus il devient difficile de tout anticiper.
Ce principe recommande de simplifier, clarifier et prioriser.
Concrètement :
- découper le projet en sous-ensembles logiques (WBS ou Work Breakdown Structure).
- cartographier les relations entre tâches et acteurs.
- concentrer l’attention sur les éléments critiques.
La gestion de la complexité demande une vision d’ensemble et une communication claire.
Un chef de projet compétent est capable de rendre simple ce qui est compliqué, sans pour autant perdre la richesse du projet.
12) Optimiser les résultats et performances
Le dernier principe relie tous les précédents.
Il rappelle que la finalité du management de projet est de produire des résultats mesurables, alignés sur les objectifs stratégiques de l’organisation.
Optimiser la performance signifie :
- Définir des indicateurs clés (KPI) adaptés au projet.
- Mesurer la satisfaction des clients et utilisateurs.
- Capitaliser sur les données pour améliorer les projets futurs.
Le chef de projet doit suivre non seulement les livrables, mais aussi la valeur délivrée dans le temps.
Un projet performant est celui qui continue à générer des bénéfices après sa clôture.
PMBOK 7 : principes vs domaines de performance
Le PMBOK 7 repose sur deux piliers complémentaires :
- Les 12 principes, qui définissent les comportements attendus du chef de projet.
- Les 8 domaines de performance, qui décrivent les domaines dans lesquels ces principes s’appliquent (parties prenantes, équipe, planification, livraison, etc.).
En résumé :
- Les principes guident le pourquoi et le comment agir.
- Les domaines de performance structurent le quoi faire.
L’un sans l’autre n’a pas de sens : les principes orientent la posture, les domaines organisent la pratique.



