Comment dire non à son manager ?

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Votre boss vous demande de traiter un projet de manière prioritaire, en plus du reste ? Vous savez que vous ne pouvez pas absorber cette charge de travail supplémentaire, pourtant vous n’osez pas dire non.

Vous n’êtes pas seul. Et ça a longtemps été mon cas. Parce que c’est le chef. L’autorité hiérarchique. Parce qu’il a le pouvoir.  Parce qu’on ne dit pas non au chef sinon on le regrette. Parce que la loi dit qu’un salarié peut être sanctionné s’il refuse une injonction de son employeur.

Alors du coup, peut-on vraiment dire non à son manager ?

A-t-on le droit de dire non à son chef ?

Bien qu’on ait été éduqué avec l’idée que dire non à une autorité hiérarchique (parent, professeur, patron) est un manque de respect et un refus de l’autorité, dire non à son boss est tout à fait possible. Dans certaines conditions et à raison de s’y prendre correctement.

La loi nous dit qu’un salarié est tenu d’exécuter son contrat de travail, et qu’il ne peut refuser les missions ainsi que les tâches qui lui sont confiées de manière répétée ou obstinée. Il existe toutefois quelques exceptions :

  • L’exécution d’un ordre illégal.
    L’employé n’est pas tenu de le réaliser.
  • L’exécution d’une mission qui ne rentre ni dans les missions du contrat de travail ni dans les compétences du salarié.
    Dans les faits, c’est très difficile à prouver, d’autant plus que les fiches de poste évoluent rapidement.
  • Si la santé ou la sécurité du salarié sont mises en danger.
    C’est ce qu’on appelle le « droit de retrait ».

Un manager apprécie qu’on lui dise non

Pour avoir été manager et managé, je peux vous certifier qu’un manager apprécie qu’on lui dise non. A condition que ce soit bien fait.

J’ai eu un manager pendant 4 ans, avec un profil rouge au DISC, d’assez impulsif, et qui a besoin que les choses se fassent de suite, et avancent rapidement. Toute ses demandes étaient « urgentes », « à faire ASAP », « à traiter en priorité ». Toujours en plus du reste.

ça m’a bien échauffé l’esprit, et puis j’ai fini par comprendre quelque chose de primordial : il ne souhaitait pas que les questions soient réalisés illico presto, mais que le sujet soit bien pris en compte. Qu’il soit traité relativement certes, mais avec un minimum de réflexion quand même.

Du coup, j’ai appris à lui dire non de manière constructive. Un barrage en bloc avec ce genre de personnalités ne fonctionne pas. Et puis clairement, si vous passez votre temps à dire non, vous finissez par vous décrédibiliser et votre non n’a plus aucun pouvoir.

Voici ce que j’ai mis en place pour que mes refus soient entendus.

Pour aller + loin : Je vous invite à consulter cet article pour apprendre à exprimer poliment un refus par mail.

Comment dire non à son boss avec tact ? 10 manières de faire

Soyons d’accord sur un point : dire non de manière répétée n’est absolument pas constructif, et ça vous jouera même des tours à terme. Pour dire non à son boss et lui faire accepter, il faut argumenter de manière factuelle.

Parfois, il vaut mieux capituler sur certains sujets pour que votre prochain « non » garde de l’importance.

Voici 10 conseils que j’ai longuement appliqué pour dire non de manière constructive et avec tact à mes différents boss.

  1. Ne répondez jamais dans la précipitation.
    Prenez toujours le temps de la réflexion, même si ce n’est que quelques minutes. Cela vous permettra de peser le pour et le contre, d’identifier des arguments valables et de répondre de manière posée. Imaginons que vous soyez avec votre « date » au restaurant. Vous souhaitez maximiser vos chances d’avoir un « oui ». Et bien là, c’est exactement pareil.
  2. Évitez que les émotions s’en mêlent.
    Vous en avez marre qu’on vous rajoute du travail à faire toutes les 5 minutes. Je comprends. C’est agaçant. C’est frustrant. Il y a de quoi s’énerver. Mais si vous laissez vos émotions s’exprimer, le dialogue est fini, la confiance est cassée, vous rentrez dans une relation conflictuelle. Et dans ce type de relation, malheureusement, le boss aura toujours le dernier mot.
  3. Ne cherchez pas à savoir qui a tort et qui a raison.
    La dernière chose que vous souhaitez faire est de rentrer dans le concours de celui qui a la plus grosse. Chercher à savoir qui a tort (et généralement ce n’est pas vous), c’est porter un jugement sur son manager. Et ça se passe rarement bien quand c’est comme ça. Vous finissez par vous prendre « y’a pas à discuter, c’est comme ça, tu es payé pour ça ». Mettez de l’eau dans votre vin, et maintenez le dialogue à tout prix.
  4. Faites preuve d’empathie et mettez-vous à la place de votre manager.
    Avant de rejeter la faute sur votre manager, mettez-vous à sa place. Peut-être que sa propre hiérarchie lui impose cela et qu’il ne le fait pas par gaieté de cœur. Peut-être que cette demande a une importance particulière pour votre boss. Essayez de comprendre son point de vue, et creuser le contexte de la demande. Il sera ainsi moins sur la défensive si vous montrez que vous l’avez écouté et entendu.
  5. Trouvez le bon moment pour lui en parler.
    En sortie de réunion, avant la pause dej’ ou en fin de journée, ce n’est peut-être pas le meilleur moment pour en parler. Avant de débarquer dans le bureau de votre manager pour vider votre sac, demandez-vous quel est le meilleur moment pour exposer vos arguments. Quand est-il le plus réceptif ? Vous n’en avez aucune idée ? Demandez un créneau de 15 minutes à votre manager pour en discuter.
  6. Préférez en parler de vive voix plutôt que d’envoyer un mail.
    Un mail, c’est vite impersonnel. Et ça peut être très vite mal interprété. Lorsqu’il s’agit de dire non à son manager, je vous conseille de le faire de vive voix. De manière générale, les « mauvaises nouvelles » se digèrent mieux lorsque ça se passe en personne. Vous n’avez pas apprécié la dernière fois qu’on a mis fin à une relation par SMS, j’imagine. Même combat ici.
  7. Comprenez quels sont les impacts et conséquences de cette demande.
    Votre boss n’est pas idiot (sauf rares cas mais là je ne peux rien faire pour vous, ça relève de la psychiatrie). Il sait quelle est votre charge de travail, et il sait ce que ça coûte de vous confier ce dossier supplémentaire. Avant de tout refuser en bloc, cherchez à comprendre quels sont les conséquences de cette demande (si vous la faites et si vous ne la faites pas), et quels en sont les impacts. Vous qualifierez ainsi la demande et vous pourrez appuyer sur ces points-là pendant votre argumentaire.
  8. Justifiez votre refus avec des faits, des exemples et des chiffres précis.
    Des faits, encore des faits, toujours des faits. Vous êtes en surcharge de travail ? Arrivez avec des chiffres et des exemples précis. Le dossier ne se traitera pas aussi vite que ce qu’il pense ? Justifiez-le de manière détaillée, mettez-en avant les difficultés rencontrées. Montrez que vous avez réfléchi à votre refus et amenez-le à comprendre votre raisonnement qui justifie ce refus.
  9. Proposez une solution alternative.
    Ne restez jamais sur un non ferme et définitif. Si c’est non pour l’instant parce que trop de travail, proposez une date à partir de laquelle vous serez en mesure de réaliser ce travail. Je me souviens d’une fois où j’ai refusé de faire un job en proposant une date 6 mois plus tard. Le directeur a bondi sur sa chaise en m’annonçant que c’était inacceptable, mais ça a ouvert la discussion et j’ai pu quand même décaler cette tâche de 2 mois.
  10. Repriorisez vos tâches si cela s’avère nécessaire.
    Enfin, si votre calendrier ne le permet pas, expliquez à votre manager que vous ne pouvez réaliser cette tâche qu’au détriment d’une autre. Et que forcément il va falloir déprioriser certains tâches pour que vous puissiez traiter ce dossier prioritaire. Malgré vos réticences, je peux vous confirmer que ça marche. C’est quelque chose que j’ai eu l’habitude de faire quasi quotidiennement en tant que manager d’une équipe informatique, en fonction des urgences qui tombaient.
Image de Thibault Baheux

Thibault Baheux

Tour à tour chef de projet puis manager d'équipe depuis 2008, je suis aujourd'hui directeur de projet indépendant. J'ai décidé via ce site de démocratiser la gestion de projets et de la rendre accessible à tous. Mes certifications : Prince2 Foundation, CompTIA Project+ certified, PSM1, PSPO1, Lean Six Sigma Black Belt.

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