Matrice des risques : Comment l’utiliser pour cartographier vos risques

Table des matières

La matrice des risques est un outil indispensable à tout bon chef de projet qui se respecte, et qui est utile pendant la totalité de la durée du projet pour faire de la gestion de risques

Dans cet article, je vous explique ce qu’est une matrice des risques, comment en créer une, et comment l’utiliser au quotidien pour cartographier et piloter vos risques.

Qu’est-ce qu’une matrice des risques en gestion de projet ?

La matrice des risques est un outil visuel permettant de prioriser, de visualiser et de cartographier les différents risques d’un projet en fonction de leur gravité (ou criticité).

En anglais, on retrouve les termes de « risk assessment matrix », ou encore de « risk control matrix ».

Elle se présente sous la forme d’un tableau à double entrée : d’un côté la probabilité de survenance d’un risque, et de l’autre son niveau d’impact.

  • Probabilité de survenance.
    Il s’agit de la chance qu’un risque a de se produire. Plus la probabilité est élevée, plus le risques a de chances d’apparaitre.
  • Niveau d’impact.
    Il s’agit de l’impact qu’un risque produit s’il devait survenir. On parle aussi bien d’impacts sur le projet, que sur l’entreprise. Naturellement, plus l’impact est élevé, plus le risque est critique.

Le croisement de ces deux informations permet de calculer la gravité ou la criticité de chaque risque, et donc d’identifier quels vont être les risques les plus critiques sur un projet.

Pour cela, on multiplie le niveau d’impact avec la probabilité du risque, ce qui nous donne la criticité.

Probabilité de survenance x Impact du risque = Gravité.

Pour aller + loin : Dans cet article, je vous explique les différences entre une matrice des risques et un registre des risques.

Exemple de matrice de risques

Il existe de nombreuses matrice de risques, mais les deux plus connues et utilisées sont les suivantes :

  • Matrice de risques 3×3.
    La probabilité de survenance du risque et le niveau d’impact peuvent chacun avoir 3 valeurs : faible, moyen, élevé. Cette matrice est idéale pour de petits projets, ou lorsque l’organisation n’est pas mature sur le risk management.
  • Matrice de risques 5×5.
    Cette matrice permet 5 valeurs pour le niveau d’impact et la probabilité de survenance de chaque risque. Elle est idéale pour des projets complexes, ou pour des organisations matures, qui pilotent leurs risques aussi bien opérationnels que stratégiques.

Exemple d’une matrice de risques 3×3

Exemple d’une matrice de risques 5×5

Pourquoi utiliser une matrice des risques ?

Utiliser une matrice des risques pour cartographier et prioriser ses risques a plusieurs intérêts et avantages :

  • Cartographie visuelle.
    La « risk matrix » est un outil visuel permettant d’un coup d’œil d’évaluer la criticité d’un risque, son niveau de probabilité et son impact.
  • Hiérarchisation facile des risques.
    Avec cet outil, il est très facile de hiérarchiser les risques selon leur gravité. Les risques les plus critiques se trouvent dans les zones rouges, généralement à droite de la matrice.
  • Stratégie ciblée sur le niveau de gravité.
    Comme il est simple d’identifier les risques les plus critiques d’un projet, vous pouvez en tant que chef de projet déployer une stratégie de réponse adaptée et focalisée sur ces risques critiques.
  • Réduit la nécessité de faire des analyses quantitatives fastidieuses.
    Vous pouvez dans un premier faire une analyse qualitative et subjective de la gravité des risques. Cela permet d’avoir une première vision des risques inhérents à votre projet. Vous pourrez ensuite mener des analyses quantitatives pour les risques les plus critiques. C’est particulièrement utile au démarrage d’un projet.
  • Vue en temps réel de l’évolution des risques.
    Si vous utilisez un outil de gestion de projet autre qu’Excel, vous avez la possibilité de consulter la matrice des risques en temps réel et de visualiser l’évolution de la gravité de vos risques, à la hausse comme à la baisse.

Comment créer une matrice des risques ?

Pour créer une matrice des risques dans Excel, vous pouvez suivre ce mode opératoire.

1 ) Niveau d’impact en colonnes

Renseignez vos niveaux d’impact dans les différentes colonnes Excel.

Pour une matrice 5×5, les niveaux d’impact sont les suivants :

  • Insignifiant (1).
    L’impact est tellement faible qu’il peut être accepté en l’état.
  • Mineur (2).
    L’impact du risque est relativement faible. Il est souvent accepté en l’état.
  • Modéré (3).
    Là, ça commence à devenir gênant. Le chef de projet met souvent en place un plan d’atténuation permettant de diminuer la probabilité de survenance du risque.
  • Majeur (4).
    L’impact est lourd, et pour le projet et pour l’entreprise. On doit chercher à éviter autant que possible que ces risques apparaissent.
  • Catastrophique (5).
    Impact intolérable, qui pourrait se solder par l’arrêt prématuré du projet, ou la fermeture de l’entreprise. On doit absolument éviter que ce risque se produise.

2 ) Probabilité de survenance en lignes

Sur chaque ligne de votre matrice, vous allez maintenant renseigner les différentes probabilités de survenance. 

Pour une matrice 5×5, les probabilités sont les suivantes :

  • Improbable (1).
    Quasi impossible que le risque se produise. La probabilité est tellement faible qu’on peut l’accepter en l’état.
  • Peu probable (2).
    Peu de chances que le risque se produise, mais ça peut tout de même arriver.
  • Possible (3).
    Généralement entre 30% et 50% de chances que le risque arrive.
  • Probable (4).
    Il y a de grandes chances que ce risque survienne.
  • Très probable (5).
    Le risque va arriver à coup sûr. Il faut absolument éviter que cela arrive.

3 ) Calculer la gravité de chaque case

Au croisement de la probabilité et de l’impact, calculez le niveau de gravité associé à chaque case, en multipliant la gravité à l’impact. 

Puis utilisez le code couleur suivant :

  • Faible (1 à 6) : Couleur Verte.
    Ces risques ont peu de chances de se produire, et si cela devait arriver, les conséquences sont minimes. Pas besoin d’en faire une priorité dans le plan de gestion des risques. On peut les accepter en l’état.
  • Moyen (7 à 12) : Couleur Jaune.
    Ces risques sont gênants et nuisibles. S’ils devaient se produire, cela pourrait ralentir votre projet, générer plus de dépenses et une augmentation de la charge de travail. Ils ne sont pas prioritaires, mais vous devriez travailler sur des solutions permettant de prévenir et d’atténuer les effets indésirables.
  • Élevé (13 à 25) : Couleur Rouge.
    Ces risques sont critiques et peuvent mettre en péril votre projet comme toute l’organisation. Vous devez vous concentrer dès que possible sur ceu-ci et en tenir compte dans la planification de votre projet. Ils sont prioritaires dans votre plan de gestion des risques.

Matrice de risques 5×5 réalisée sous Excel

4 ) Adapter la matrice des risques au projet

Comme on l’a vu plus haut, il existe plusieurs types de matrices, les plus connus étant les matrices 5×5 et les matrices 3×3.

Voici ce que je vous recommande en fonction de la complexité de votre projet et de la maturité de votre organisation sur la gestion de projet et la gestion de risques.

  • Matrice 3×3.
    Idéale pour les petits projets, les projets peu complexes, et pour les organisations non matures sur le pilotage des risques et le management de projets.
  • Matrice 5×5.
    Idéale pour avoir une vision plus fine des risques. Principalement utilisée pour les projets longs et complexes, les programmes, et les organisations plus matures sur la gestion de projets et de risques.

Comment utiliser une matrice des risques ?

Pour utiliser votre matrice des risques fraichement créée, vous devez suivre les étapes suivantes :

  1. Identifiez la probabilité de survenance de votre risque.
    Choisissez la probabilité adaptée à votre risque, entre 1 et 5, 1 étant improbable et 5 étant très probable.
  2. Déterminez l’impact de votre risque.
    Choisissez l’impact que votre risque peut engendrer pour votre projet et/ou pour l’entreprise, entre 1 et 5 : 1 étant insignifiant et 5 étant catastrophique.
  3. Calculez le niveau de gravité du risque.
    Croisez le niveau d’impact et la probabilité afin d’obtenir la gravité correspondante du risque. Si vous le faites manuellement, cela revient à multiplier ces deux données ensemble.
  4. Faites de même pour l’ensemble des risques identifiés.
    Répétez les étapes 1 à 3 pour chacun des risques que vous avez identifié.
  5. Sélectionnez les risques critiques.
    Retenez dans la matrice les risques ayant la gravité la plus élevée. Il se trouve généralement dans la partie droite de la matrice, et correspondent à une criticité comprise entre 13 et 25.
  6. Préparez une stratégie de réponse adaptée.
    Pour chacun de ces risques, travaillez à la mise en place d’une stratégie de réponse permettant d’atténuer les effets négatifs du risque, ou de limiter ses chances d’apparition.

Quels sont les challenges d’une matrice des risques ?

  • Évaluations potentiellement inexactes.
    La gravité et la probabilité de certains risques peuvent être subjectives et donc peu fiables. Il est aussi compliqué sur certains risques d’obtenir des données quantitatives permettant d’appuyer cette évaluation.
  • Mauvaise prise de décision.
    Des risques mal catégorisés peuvent conduire à une mauvaise prise de décision puisque vous n’avez pas une image précise de ce qui pourrait arriver sur votre projet.
  • Ne tient pas compte de la typologie des risques.
    Les matrices de risques ne différencient pas entre eux les risques opérationnels et les risques stratégiques. Elles ne permettent pas non plus d’évaluer les risques pouvant survenir dans deux semaines et ceux qui pouvant survenir dans deux ans.
  • Une vision trop simpliste des risques.
    La matrice des risques est un bon outil qui permet de visualiser les risques les plus critiques d’un projet. Mais on ne perçoit pas toute leur complexité, ni les stratégies de réponse mises en place pour éviter que ces risques se produisent.

La matrice des risques est donc un outil visuel à utiliser en complément d’un registre des risques, qui est un document détaillant chacun des risques et chacune des stratégies de réponse identifiées.

Image de Thibault Baheux

Thibault Baheux

Tour à tour chef de projet puis manager d'équipe depuis 2008, je suis aujourd'hui directeur de projet indépendant. J'ai décidé via ce site de démocratiser la gestion de projets et de la rendre accessible à tous. Mes certifications : Prince2 Foundation, CompTIA Project+ certified, PSM1, PSPO1, Lean Six Sigma Black Belt.

Devenez un chef de projet performant

Et recevez dans votre boîte mail un exemplaire du guide « 15 facteurs-clés pour réussir vos projets ».

Ce guide est un condensé de conseils pratiques, tirés de mes 14 années d’expérience en pilotage de projets.