« Un bon chef de projet est un chef de projet qui se sort de la technique ».
« Un chef de projet est compétent si il sait de quoi il parle ».
On entend un peu tout et n’importe quoi sur les compétences que devrait avoir un chef de projet. Et il y a un point sur lequel ça se frite constamment : le fait de devoir avoir des compétences techniques en tant que chef de projet.
Faut-il ? Faut-il pas ? Analysons cela ensemble dans l’article.
Peut-on être chef de projet sans expérience technique ?
Un chef de projet doit savoir de quoi il parle. Avoir des compétences techniques lui permet d’identifier plus facilement les risques et enjeux d’un projet, de parler le même langage que l’équipe projet, d’éviter de se faire embobiner et de pouvoir choisir les bons indicateurs de pilotage projet.
Un chef de projet doit être en mesure de gérer et piloter un projet au quotidien. Cela implique de pouvoir suivre avec précision les avancées sur le projet, de réagir en cas de difficultés techniques, et d’être en mesure de tenir tête aux membres de l’équipe projet ou à ses homologues côté client.
Il n’est pas là pour réaliser lui-même des actions techniques, bien que cela puisse arriver dans de petites structures.
Bien sûr, le niveau de compétences techniques nécessaire dépend de votre positionnement, de votre secteur d’activité, ainsi que des projets qui vous sont confiés.
Pour aller + loin : Faut-il obligatoirement un diplôme pour devenir chef de projet ? Réponse dans cet article.
Pourquoi un chef de projet doit avoir une expérience technique
Peu importe votre secteur d’activité et le type de projet qui vous sera confié, il est préférable d’avoir une première expérience opérationnelle. Votre prise de poste en sera d’autant plus simple.
Voici selon moi les principaux avantages à avoir des compétences techniques en tant que chef de projet :
- Construction plus rapide de l’autorité.
On sait de quoi on parle puisqu’on l’a déjà vécu. De suite, les équipes opérationnelles nous voient comme leur égal, un sachant. Notre autorité augmente aux yeux des clients. On crée plus rapidement un lien de confiance. - Pouvoir parler le même langage que les « techs ».
Dans certains métiers, comme l’informatique, c’est devenu tellement spécialisé que même deux experts peuvent arriver à ne pas se comprendre entre eux. Essayez un peu de faire dialoguer un développeur front-end avec un ingénieur infrastructure réseaux pour voir. Vous allez voir, c’est très drôle. 🙂 Il existe tellement de spécificités, de technologies, d’acronymes aujourd’hui que parler « technique » en informatique, c’est maîtriser une LV3. Parler le même langage que les opérationnels vous fait gagner un temps précieux. - Être en mesure d’expliquer précisément les prochaines étapes au client ou à sa direction.
Parfois, on doit être en mesure d’expliquer à un client pourquoi le projet prend du retard, on doit rentrer dans les détails techniques (surtout lorsqu’on a en face de nous un opérationnel). Vous serez plus à l’aise avec un background technique si vous devez expliquer pourquoi la migration NSX-T prend du retard, et pourquoi le VDOM est la source de vos problèmes. (oui oui, ce sont des termes qui existent vraiment). - Identifier plus facilement les risques et les enjeux du projet.
Sans surprise, si l’on connaît le secteur d’activité et l’opérationnel, on est plus à même de détecter les risques, d’identifier leur niveau de survenance et leurs possibles impacts. Votre gestion des risques n’en sera que meilleure. - Juger de la faisabilité technique du projet.
En disposant des compétences techniques nécessaires, vous pourrez dès le démarrage du projet juger de sa faisabilité ou non. Cela peut être utile pour lever des alertes précoces sur le budget pas assez conséquent, ou les échéances trop ambitieuses par rapport au travail à mener. - Communiquer efficacement avec l’équipe projet.
Parler le même langage permet de se comprendre réellement. Chacun peut comprendre ce que fait l’autre et en quoi son travail impacte celui des autres. Cela facilite la collaboration au quotidien. - Ne pas se faire embobiner sur la visibilité projet.
J’ai déjà vu un chef de projet pas du tout technique essayer de discuter avec des équipes très techniques en informatique. Ce n’était pas joli-joli à voir. Personne ne se comprenait, et les échanges finissaient systématiquement en « ça va comment le projet ? » « ça va, ça avance ». En terme de pilotage et du suivi de l’avancement projet, c’est du zéro pointé. Comment les équipes pouvaient-elles parler des difficultés techniques rencontrées alors que le chef de projet ne pipait rien ? J’ai fini par reprendre la main sur le projet, et tout de suite ça allait mieux. - Apprendre tous les jours de nouvelles choses.
Le gros avantage, c’est que les équipes techniques vont vous apprendre de nouvelles choses sur leur métier tous les jours. Fini la routine des constructions de planning. Plonger dans les problématiques métiers est véritablement passionnant.
Comment acquérir les compétences techniques manquantes ?
Vous avez de nombreux moyens à votre disposition pour développer une expertise technique ou métier en tant que chef de projet :
- Vos précédentes expériences.
Vos précédentes expériences peuvent vous permettre de justifier de compétences techniques et de mieux vous faire comprendre des équipes opérationnelles. Par exemple, j’ai travaillé sur des projets d’infrastructure informatique, des projets cloud et de sécurité, et des marchés publics. Il m’est donc plus aisé de discuter avec des équipes opérationnelles sur ce type de projets que sur des projets de développement informatique. - Les formations ou l’auto-formation.
Formations gratuites, formations payantes, formations financées par votre CPF, etc… Il en existe des centaines. Si vous le pouvez, orientez-vous vers des formations certifiantes, qui vous permettront de plus facilement justifier votre background technique auprès de vos futurs employeurs. - Youtube et les blogs.
Il existe de nombreux sites et nombreuses chaînes Youtube francophones et anglophones, vous avez l’embarras du choix. - Vous former auprès de vos experts techniques.
On l’oublie souvent, mais les équipes opérationnelles ont beaucoup à vous apprendre. Essayez de passer du temps avec eux pour comprendre en détail leur métier et les difficultés auxquelles ils font face.
Comment j’ai sauvé un projet grâce à mes compétences techniques
Je me suis retrouvé il y a quelques années à devoir piloter un projet de migration d’infrastructure informatique du datacenter de l’ancien prestataire à celui de ma société.
Projet ambitieux en terme de délai, beaucoup de risques identifiés à forts impacts, de nombreuses compétences techniques pointues nécessaires, plusieurs sociétés impliquées dans la migration, peu de documentation, migration prévue entre le 24 et le 31 décembre (oui oui, exigé par le client)…
Tout était réuni pour que ça vire au fiasco. Et pourtant on a réussi à migrer l’ensemble de l’infrastructure dans les temps.
La clé, ça a été mon background technique. Avant d’être chef de projet, j’ai été administrateur système.
Et c’est précisément ce qui m’a aidé à communiquer au quotidien avec les équipes techniques, et à imaginer des plans d’action pour limiter ou éliminer chacun des risques tout en effectuant une migration aux petits oignons.
Je ne vous le cache pas, ça a été chaud, à cause des délais mais aussi du manque de documentation de l’ancien infogérant (l’ancien prestataire). Mais on a réussi.
J’avais un autre collègue chef de projet qui m’accompagnait sur le pilotage de ce projet, au vu des nombreuses actions à mener. Il s’est occupé des sujets moins techniques pendant que je passais du temps au côté des équipes opérationnelles.
Et heureusement. Car s’il avait pris le pilotage de l’intégralité du projet, je peux vous garantir que ça aurait clashé entre lui et les équipes projet, et que jamais la migration n’aurait eu lieu à l’échéance imposée par le client.