Le numérique consomme aujourd’hui autant d’énergie qu’un pays développé.
Le cloud, moteur de la transformation digitale, n’échappe pas à cette réalité. Derrière la promesse d’un monde dématérialisé se cache une infrastructure énergivore, composée de milliers de serveurs tournant en continu. Le mouvement Green IT, ou informatique durable, vise à concilier performance technologique et responsabilité environnementale.
Comment appliquer ces principes au cloud pour le rendre plus vert ?
- Le cloud représente une part importante de la consommation énergétique mondiale.
- Le Green IT vise à réduire cet impact à travers l’optimisation, la mutualisation et l’utilisation d’énergies renouvelables.
- Adopter un cloud durable, c’est allier performance, économies et responsabilité.
Qu’est-ce que le Green IT ?
Le Green IT (ou informatique verte) regroupe l’ensemble des pratiques visant à réduire l’impact environnemental des technologies de l’information tout au long de leur cycle de vie : conception, production, utilisation et fin de vie.
Son objectif : faire du numérique un levier de performance énergétiquement sobre, économiquement viable et écologiquement responsable.
Dans le contexte du cloud computing, le Green IT s’applique à la conception et à la gestion des centres de données, à la virtualisation des serveurs, à la gestion du stockage et à l’optimisation des applications qui y sont hébergées.
Adopter une approche Green IT ne signifie pas seulement réduire la facture énergétique ; cela permet aussi d’améliorer la résilience, la sécurité et la rentabilité des infrastructures.
Combinez le Green IT avec une approche FinOps pour maîtrisez les coûts de votre cloud, qu’il soit public, privé ou hybride.
Pourquoi le cloud est-il énergivore ?
Avant de comprendre comment rendre le cloud plus durable, il faut cerner pourquoi il consomme autant.
Un data center (centre de données) héberge des serveurs fonctionnant 24 heures sur 24. Ces serveurs nécessitent une alimentation électrique constante et un système de refroidissement performant pour éviter la surchauffe. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), les data centers représentent 1 à 1,5 % de la consommation électrique mondiale.
Plusieurs facteurs expliquent cette consommation :
- Surcapacité : de nombreux serveurs tournent à faible charge pour garantir la disponibilité.
- Refroidissement intensif : les systèmes de climatisation représentent parfois jusqu’à 40 % de la consommation totale.
- Multiplication des données : l’explosion du streaming, de l’IA et de l’IoT augmente massivement les besoins de stockage.
- Applications mal optimisées : code non performant, redondances, absence d’archivage.
Ainsi, chaque recherche, mail ou photo stockée dans le cloud a un coût environnemental caché.
Comment rendre le cloud plus durable ?
1. Optimiser la consommation énergétique des data centers
Les fournisseurs de cloud travaillent à améliorer le rendement énergétique de leurs infrastructures, mesuré par le PUE (Power Usage Effectiveness).
Un PUE proche de 1 signifie que presque toute l’énergie consommée sert directement à alimenter les serveurs, sans perte dans le refroidissement.
Les leviers d’action :
- Refroidissement naturel (free cooling) : utilisation de l’air extérieur pour limiter la climatisation.
- Optimisation de la ventilation : confinement des allées chaudes et froides.
- Utilisation de serveurs basse consommation et d’alimentations électriques plus efficaces.
- Récupération de chaleur : réutilisation de la chaleur dégagée par les serveurs pour chauffer des bâtiments voisins.
2. Migrer vers des énergies renouvelables
Les géants du cloud (Google Cloud, AWS, Microsoft Azure) s’engagent à alimenter leurs data centers avec des énergies renouvelables.
Google, par exemple, a atteint la neutralité carbone en 2007 et vise un fonctionnement à énergie 100 % décarbonée d’ici 2030.
Pour les entreprises, choisir un fournisseur engagé dans une politique énergétique responsable devient un critère de sélection stratégique.
3. Favoriser le “cloud mutualisé” plutôt que dédié
L’un des principes clés du Green IT est la mutualisation des ressources.
Le cloud public permet de partager les serveurs entre plusieurs clients, réduisant la surcapacité et augmentant le taux d’utilisation des machines.
À l’inverse, les infrastructures on-premise ou les serveurs dédiés tournent souvent à faible charge.
Migrer vers un modèle SaaS (Software as a Service) ou PaaS (Platform as a Service) permet donc de réduire significativement la consommation d’énergie.
👉 Pour approfondir cette comparaison, consultez : Comparatif SaaS vs On-premise
4. Éco-concevoir les applications cloud
Le développement logiciel a un impact direct sur la consommation énergétique. Une application mal codée ou surdimensionnée peut gaspiller des ressources serveurs inutilement.
L’écoconception logicielle consiste à :
- Limiter les appels API et requêtes SQL redondants.
- Réduire le poids des fichiers et des images.
- Mettre en place un archivage automatique.
- Adapter le dimensionnement des serveurs à la charge réelle.
Une étude de GreenIT.fr montre qu’une application écoconçue peut consommer jusqu’à 90 % d’énergie en moins qu’une version classique.
5. Pratiquer la “souveraineté numérique responsable”
Le choix de l’emplacement des données influe sur leur impact écologique.
Héberger ses données au plus près des utilisateurs réduit la latence et les besoins de transfert réseau, donc l’énergie consommée.
De plus, certaines régions bénéficient d’un mix énergétique plus vert (hydroélectrique en Scandinavie, éolien en Europe du Nord).
Les entreprises peuvent donc opter pour des zones cloud à faible empreinte carbone, tout en respectant les règles du RGPD.
Quels sont les bénéfices d’un cloud durable pour les entreprises ?
Adopter une démarche Green IT ne relève pas uniquement d’une volonté écologique. Elle s’inscrit dans une logique de performance et d’attractivité.
Réduction des coûts
Moins d’énergie consommée signifie moins de dépenses.
L’optimisation des serveurs, la virtualisation et le dimensionnement dynamique des ressources réduisent la facture énergétique et la location d’espace.
Amélioration de l’image de marque
Les clients, partenaires et investisseurs sont de plus en plus sensibles à la responsabilité environnementale.
Communiquer sur des choix technologiques durables renforce la crédibilité et la valeur perçue de l’entreprise.
Conformité réglementaire
La Directive européenne CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) impose progressivement aux entreprises de publier leurs indicateurs ESG (environnement, social, gouvernance).
Mettre en place une démarche Green IT permet d’anticiper ces exigences.
Attractivité RH
Les talents, notamment dans le secteur IT, sont attentifs à l’engagement écologique des entreprises.
Un cloud plus vert participe à une politique RSE cohérente, facteur de fidélisation et de motivation des collaborateurs.
Quels outils et indicateurs pour suivre l’empreinte carbone du cloud ?
Pour piloter sa démarche, il est essentiel de mesurer l’impact réel du cloud. Plusieurs indicateurs et outils existent.
1. Le PUE (Power Usage Effectiveness)
Déjà mentionné, cet indicateur mesure le rendement énergétique global d’un data center.
Un PUE de 1,2 est excellent ; la moyenne mondiale tourne autour de 1,6.
2. Le CUE (Carbon Usage Effectiveness)
Le CUE exprime la quantité de CO₂ émise par kilowatt consommé. Il permet de comparer la performance environnementale de différents fournisseurs cloud.
3. Les outils de mesure des fournisseurs
- AWS Customer Carbon Footprint Tool : évalue les émissions liées à votre utilisation des services AWS.
- Google Cloud Carbon Footprint : permet de suivre la consommation énergétique par projet.
- Microsoft Sustainability Calculator : calcule les émissions évitées grâce à la migration cloud.
4. Les labels environnementaux
Des certifications comme ISO 14001, LEED ou HDS (Hébergeur de Données de Santé) garantissent la mise en place de systèmes de management environnemental rigoureux.
Vers un modèle de “Green Cloud” à grande échelle
Le Green IT ne se limite plus à des initiatives isolées ; il devient un pilier stratégique.
Les grandes entreprises s’engagent dans des démarches globales :
- Microsoft : neutralité carbone d’ici 2030 et compensation des émissions historiques.
- AWS : objectif 100 % énergie renouvelable en 2025.
- Google Cloud : data centers fonctionnant uniquement sur de l’électricité sans carbone d’ici 2030.
Mais la responsabilité ne repose pas uniquement sur les fournisseurs. Chaque entreprise utilisatrice du cloud a un rôle à jouer : optimiser ses usages, limiter le stockage inutile et sensibiliser ses équipes.
👉 Pour une approche complémentaire, découvrez aussi : Cloud computing : définition, avantages et limites
Le Green IT marque une évolution majeure dans la manière de concevoir et de consommer le numérique.
Face à l’urgence climatique, rendre le cloud plus durable n’est plus une option, mais une nécessité économique et éthique.





