Peut-on faire une pause entre deux sprints ?

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Lorsqu’on travaille en Scrum ou avec d’autres méthodes agiles, on enchaîne les sprints les uns après les autres, on cherche toujours à être plus efficace, à aller plus vite… 

Et tout ça devient épuisant à la longue. Les équipes fatiguent. La fatigue amène plus d’erreurs humaines. Le travail est de moins bonne qualité. La satisfaction client baisse, et celui-ci peut même perdre confiance dans l’équipe agile. 

Et ça c’est dramatique pour le projet. Alors il peut être tentant de se poser entre deux sprints afin de respirer.

Mais est-ce que faire une pause entre deux sprints est une pratique recommandée en agilité ? Qu’en dit le guide Scrum ? Qu’en pensent les agilistes ?

Réponse dans l’article.

Peut-on faire une pause entre 2 sprints ?

Le sprint est un cycle itératif court, pendant lequel l’équipe va livrer un incrément fonctionnel au client. On peut le considérer comme un mini projet.

Pour en savoir plus sur les sprints agiles, je vous invite à consulter cet article.

Le guide Scrum nous dit très clairement page 8 qu’un nouveau sprint commence immédiatement après la fin du précédent. 

Il n’existe donc aucune possibilité de réaliser une pause entre deux sprints d’après le guide Scrum. Cela n’est tout simplement pas possible dans Scrum.

Le principe agile n°8 nous dit également ceci :

Les processus agiles encouragent un rythme de développement soutenable.

Ensemble, les commanditaires, les développeurs et les utilisateurs devraient être capables de maintenir indéfiniment un rythme constant.

Manifeste Agile

Le manifeste agile ainsi que le guide Scrum me paraissent plutôt clairs sur ce point : Il n’est pas possible de faire une pause entre deux sprints en respectant le framework Scrum.

  • Le rythme de développement doit être soutenable.
    Faire une pause entre deux sprints peut permettre d’avoir un rythme soutenable. Seulement, cela sous-entend que les sprints sont une course à qui ira le plus vite, ce qui rentre en contradiction direct avec le principe agile numéro 8.
  • On doit pouvoir maintenir indéfiniment un rythme constant.
    Faire une pause entre deux sprints ne permet pas de garder un rythme de travail constant. C’est une interruption dans le quotidien, qui casse les habitudes prises par l’équipe de développement et les parties prenantes.
  • Un nouveau sprint commence immédiatement après la fin du précédent.
    Faire une pause entre deux sprints n’est pas possible en Scrum. Le Scrum guide est très clair sur le sujet.

Y a t-il des cas particuliers permettant une pause entre deux sprints ?

La méthodologie Scrum ne prévoit pas de cas particulier pour déroger à la règle : chaque sprint commence immédiatement après la fin du précédent.

Toutefois, plusieurs experts s’accordent à dire qu’une pause exceptionnelle entre deux sprints peut être salvateur, mais dans des cas précis.

Par exemple, le commentaire de Cécile sous une vidéo de Scrum Life, qui indique avoir fait une seule fois une pause entre deux sprints en 3 ans, afin de :

  •     Réaliser un atelier sur la qualité logicielle
  •     Participer à une conférence sur les croyances limitantes
  •     Lire en groupe le guide Scrum pour améliorer les pratiques agiles
  •     Réflexion menée sur la documentation et les mises en production
  •     Veille technologique
  •     Formation

Dans ce cas précis, on ne fait pas une pause entre deux sprints juste parce que l’équipe a besoin de souffler, mais pour prendre le temps de se former, afin d’être toujours plus efficace et d’apporter toujours plus de valeur au client.

Thomas Di Murro, Scrum master, fait partie de ceux qui poussent les pauses entre deux sprints. Il explique son point de vue dans cet article sur Medium, et détaille notamment la manière dont il s’organise avec son équipe pour en tirer le meilleur parti.

Quelle durée pour une pause entre deux sprints ?

Si vous n’avez pas d’autres choix que de faire une pause entre deux sprints, je vous recommande de faire une pause d’une durée d’1 semaine, pour deux raisons :

  1. Pas besoin décaler vos événements Scrum.
    Vous gardez les mêmes créneaux horaires pour vos réunions Scrum une fois la pause terminée. Pas besoin de trouver de nouvelles disponibilités du côté des parties prenantes. C’est un gain de temps pour tout le monde.
  2. La pause est courte, l’équipe peut rapidement se replonger dans le projet.
    1 semaine, ça passe vite. Très vite. L’équipe n’a pas le temps d’oublier le projet, les enjeux, l’objectif produit. Elle peut donc rapidement se replonger dedans pour planifier le sprint suivant.

Que faire entre deux sprints ?

Lorsqu’une pause entre deux sprints se justifie, vous pouvez organiser des activités qui sortent de l’ordinaire. Par exemple :

  • Session de teambuilding.
    C’est l’occasion parfaite de faire une sortie teambuilding avec tous les membres de l’équipe afin de renforcer les liens et la cohésion d’équipe. Optez pour une activité teambuilding qui sorte de l’ordinaire, mais surtout choisissez en groupe. Les effets positifs n’en seront que plus importants.
  • Formation technique.
    Qu’il s’agisse d’une formation en groupe, de formations individuelles ou d’auto-formation, une pause entre deux sprints est le moment parfait pour développer ses compétences.
  • Organisation d’un atelier sur la qualité.
    Cet atelier peut porter sur les bonnes pratiques liées à votre secteur d’activité, l’amélioration de la relation client, etc… L’objectif ici est de sensibiliser les membres de l’équipe agile à la qualité.
  • Participation à une conférence ou un événement agile.
    ça peut être le bon moment pour participer à des conférences et des événements sur l’agilité, la confiance en soi, les bonnes pratiques de développement, etc… Outre le sujet de la conférence, c’est l’échange avec d’autres équipes du monde extérieur qui peut véritablement être enrichissant.
  • Lire en groupe le guide Scrum et le manifeste agile pour améliorer ses pratiques agiles.
    Non ce n’est pas une pratique de secte. Le guide Scrum est certes court, mais le maîtriser sur le bout des doigts est complexe. Et comme il n’est pas prescriptif, nous ne l’interprétons pas tous de la même manière. C’est important de faire cet exercice en groupe afin de faire émerger une vision commune de ce qu’est l’agilité et Scrum.
  • Réflexion globale sur la documentation.
    L’équipe peut décider de mener une réflexion voire une réflexion globale de la manière dont est gérée la documentation dans l’organisation.
  • Réflexion globale sur les mises en production.
    L’équipe peut décider d’explorer de nouvelles manières de faire des mises en production.
  • Partage de connaissances et retours d’expérience avec d’autres équipes agiles.
    Les membres de l’équipe peuvent échanger avec leurs homologues dans d’autres équipes sur les bonnes pratiques agiles, les difficultés rencontrées au quotidien et la manière de les surmonter. Observer comment les autres travaillent et font face au quotidien à des problématiques peut véritablement être bénéfique.
  • Veille technologique.
    Les développeurs peuvent également se tenir informé des dernières nouveautés dans leur secteur d’activité, se renseigner sur une nouvelle technologie prometteuse qui pourrait être intéressante dans le cadre du projet, etc.
  • Travailler sur les axes d’amélioration identifiés.
    Plutôt que de repousser à chaque rétrospective les axes d’amélioration jusqu’à la saint-glinglin, il peut être intéressant de travailler dessus pendant la pause.
  • Interview des utilisateurs finaux.
    Permet de recueillir du feedback et d’alimenter par la suite le backlog produit.

Il est particulièrement important de ne pas blinder l’agenda des développeurs. Il peut y avoir du travail en commun, c’est même recommandé, mais il est également nécessaire de laisser du temps à l’équipe afin de s’auto-organiser.

L’équipe de développement décide ainsi en partie de ce sur quoi elle va travailler pendant cette pause.

Pourquoi une équipe agile qui a besoin de souffler devrait vous alerter

Une équipe agile qui souhaite faire une pause entre deux sprints parce qu’elle « a besoin de souffler » devrait vous alerter à plus d’un titre :

  • Le rythme de travail n’est ni soutenable ni constant.
    L’équipe se donne à fond, essaye d’aller le plus vite possible, et se crame les ailes au bout de quelques itérations. Cette manière de faire est héritée des modes de travail traditionnels, mais elle n’est pas viable sur le long terme. La fatigue s’installe, la lassitude également, les collaborateurs se démotivent, sont plus propices aux erreurs, la qualité est en berne, et au final la satisfaction client baisse également.
  • L’équipe est en surcharge de travail et/ou en surcharge cognitive.
    L’équipe a trop de choses à faire en trop peu de temps. C’est symptomatique des équipes à qui on impose le volume de travail à réaliser dans un sprint, ou les équipes qui sont trop gourmandes et chargent beaucoup trop leur sprint planning.
  • Les livraisons sont pilotées par les dates.
    Les releases de produit se font à date fixe. L’échéance se rapprochant, l’équipe est de plus en plus mise sous pression pour livrer telle ou telle fonctionnalité.
  • La notion de sprint est mal comprise.
    Un sprint, ce n’est pas aller le plus vite possible et s’épuiser à la tâche. C’est faire un marathon. Ce qu’on fait, on le fait bien, on livre de la qualité, pour éviter de repasser derrière.
    Ce qui sprinte, c’est la valeur apportée au client, qui est maximisée dans les incréments à la fin de chaque sprint.

Dans ce cas, il me paraît pertinent de creuser la raison de pourquoi l’équipe agile n’arrive pas à sortir la tête du guidon. C’est sur cette cause que vous devriez réellement travailler, plutôt que d’octroyer une pause de temps à autre.

La pause entre deux sprints permet certes de souffler, mais elle ne résout pas le problème initial. Travailler en sprints, ce n’est pas vouloir aller le plus vite possible. C’est faire un marathon.

Image de Thibault Baheux

Thibault Baheux

Tour à tour chef de projet puis manager d'équipe depuis 2008, je suis aujourd'hui directeur de projet indépendant. J'ai décidé via ce site de démocratiser la gestion de projets et de la rendre accessible à tous. Mes certifications : Prince2 Foundation, CompTIA Project+ certified, PSM1, PSPO1, Lean Six Sigma Black Belt.

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