Comprendre le manifeste agile : 12 principes de l’agilité

Table des matières

Lorsque des développeurs informatiques se sont réunis en 2001, partant du constat que le cycle de développement traditionnel des logiciels ne correspond plus aux contraintes et aux exigences des organisations en évolution rapide, ils ont rédigé le Manifeste Agile.

Ce document décrit l’état d’esprit « agile » à avoir pour travailler autrement afin d’être plus flexible et réactif face à des changements qui arriveront inévitablement.

Le document est découpé en 2 parties :

Ce document décrit la philosophie agile est à la base de toutes les méthodologies de gestion de projet dites agiles.

Pour aller + loin : Le manifeste agile est-il toujours d’actualité ? Découvrez ma réponse dans cet article.

Les 12 principes de l’agilité

La philosophie agile, à la base des méthodes de gestion de projets agile, se compose de 12 principes fondateurs, articulés eux-mêmes autour de 4 piliers.

Ces 4 valeurs agiles sont :

  • Les individus et leurs interactions, de préférence aux processus et aux outils.
  • Des solutions opérationnelles, de préférence à une documentation exhaustive.
  • La collaboration avec les clients, de préférence aux négociations contractuelles.
  • La réponse au changement, de préférence au respect d’un plan.

Pour aller + loin : Découvrez dans cet article ce que signifie en détails ces 4 valeurs agiles, et comment les appliquer au quotidien.

1 ) Satisfaire le client en priorité

Notre plus haute priorité est de satisfaire le client en livrant rapidement et régulièrement des fonctionnalités à grande valeur ajoutée.

En gestion de projets classique, le produit final est livré à la toute fin du projet, après des mois de développement. Au contraire, l’agilité propose de fonctionner par itérations successives, pour délivrer par couche successive le produit aux utilisateurs. 

On développe fonctionnalité par fonctionnalité, et on livre les bouts de produits au fur et à mesure au client. On gagne ainsi de nombreux mois et on raccourcit le temps avant utilisation des fonctionnalités.

2 ) Accepter les changements

Accueillez chaleureusement les changements de besoins, même tardifs dans le projet. Les processus Agiles tirent parti du changement pour renforcer l’avantage concurrentiel du client.

Le changement n’est pas négatif, il est inévitable et est synonyme d’opportunités, afin d’apporter encore plus de valeur au client final.

Il vaut mieux être flexible et s’adapter aux nouvelles informations plutôt que de dérouler un plan obsolète qui n’apportera aucune satisfaction.

Chaque imprévu, chaque changement doit être traité comme n’importe quel autre fonctionnalité : analyse, estimation, priorisation, et action.

3 ) Livrer le plus souvent possible des versions fonctionnelles de l’application

Livrez souvent des solutions opérationnelles, à une fréquence allant de quelques semaines à quelques mois, avec une préférence pour les échelles de temps les plus courtes.

Mieux vaut se concentrer sur des sprints courts et des livraisons régulières de nouvelles versions de l’application, utilisables par le client. Plus vous espacez vos livraisons, plus il y a de chances que vous passiez à côté de ce que vous pouvez apporter au client.

Votre objectif à la fin de chaque sprint est de livrer un nouvel incrément, afin d’apporter toujours + de valeur au client.

Cela vous permet également de récolter du feedback, afin de prioriser les prochaines fonctionnalités et de continuer à améliorer le produit.

4 ) Assurer une coopération permanente entre l’équipe agile et les parties prenantes

Les personnes en charge du métier ou des affaires et les personnes en charge de la réalisation doivent travailler ensemble chaque jour, tout au long du projet.

Le client qui rédige d’un côté son besoin, avant de le transmettre au chef de projet pour action, et d’attendre quelques mois avant d’un retour, ça ne marche plus. ça, c’était avant.

Pour apporter de la valeur et construire un produit de qualité, l’équipe projet, le client et les utilisateurs doivent se parler constamment.

Échangez, clarifiez, demandez, posez des questions, débattez, … Cherchez à comprendre ce qui peut apporter le plus de valeur à votre client et ses utilisateurs finaux.

Appuyez-vous sur le Product Owner, il est là pour ça.

5 ) Construire des projets autour de personnes motivées

Construisez les projets à partir de personnes motivées. Donnez-leur l’environnement et le soutien dont elles ont besoin et faites-leur confiance pour mener à bien le travail.

Une équipe projet doit être motivée pour réussir. 

Pour cela, il y a quelques erreurs à éviter :

  • Éviter de considérer les personnes comme des ressources interchangeables.
    Une équipe projet a besoin de temps pour se rôder et apprendre à travailler ensemble en mode collaboratif. Ajouter ou enlever un membre de l’équipe peut rompre l’équilibre qui s’est créé.
  • Faire confiance par défaut.
    Chacun sait ce qu’il a à faire, chacun connaît son expertise et ses compétences. Il faut oublier le mode « commander & contrôler » en agilité, et partir du principe que chacun fait du mieux qu’il peut.
  • Laisser l’équipe s’auto-organiser.
    Le manager n’a pas son mot à dire sur l’organisation et la méthode de travail de l’équipe. C’est à l’équipe, et l’équipe seule, de décider comment elle souhaite s’organiser pour réussir son projet.

6 ) Privilégier la conversation en face à face

La conversation en face à face est la méthode la plus efficace et la plus économique pour donner des informations à une équipe de réalisation, et pour échanger des informations à l’intérieur de l’équipe.

L’agilité prône le dialogue, plus que les processus et les outils.

Alors lâchez votre clavier, arrêtez de vouloir envoyer des mails et messages Teams / Slack dans tous les sens, levez votre popotin de votre chaise et allez vous parlez en direct.

Ce sera bien plus efficace que 30 mails empilés dans une conversation sur Outlook !

7 ) Mesurer l’avancement du projet sur la base d’un produit opérationnel

La disponibilité de solutions opérationnelles est la principale mesure d’avancement.

L’objectif d’un sprint est de livrer au client un nouvel incrément fonctionnel et utilisable, c’est à dire une version opérationnelle du produit. Chaque livraison permet de se rapprocher de l’objectif produit : le product goal, défini au début du projet.

De manière générale, chaque nouvelle version doit apporter de la valeur aux utilisateurs finaux du produit.

Il existe plusieurs indicateurs agiles permettant de mesurer l’état d’avancement de l’itération en cours et du projet. Les plus connues sont le burndown chart (pour le sprint en cours) et le burnup chart (pour l’avancement du projet).

Pour aller + loin : Consultez cet article pour découvrir les différents indicateurs et KPI que vous pouvez mettre en place en gestion de projet agile.

8 ) Adopter un rythme soutenable et constant

Les processus agiles encouragent à respecter un rythme soutenable lors de la réalisation. Les commanditaires, les réalisateurs et les utilisateurs devraient pouvoir maintenir indéfiniment un rythme constant.

Le fait d’être agile ne veut pas dire qu’il faut laisser le chaos s’installer. Les rush de dernière minute, les coups de pression pour réaliser en urgence une fonctionnalité, n’ont pas leur place dans l’agilité.

Pourquoi ? Car cela est le contraire d’un rythme soutenable et constant.

Si l’équipe est en surcharge momentanée de travail, elle s’épuise. Si l’équipe s’épuise, elle fait du travail de moins bonne qualité. Autrement dit, elle apporte moins de valeur au client.

Travailler à un rythme soutenable et constant permet de maintenir sur la durée un haut niveau d’engagement et de motivation pour l’équipe agile.

9 ) Porter une attention continue à l’excellence technique et à la qualité

Porter continuellement attention à l’excellence technique et à la qualité de la conception renforce l’agilité.

La rigueur est particulièrement importante en agilité. L’équipe ne doit pas faire vite et bien. Elle doit faire bien dès la première fois, pour s’éviter de la dette technique ultérieure. 

Pour cela, elle doit définir ce qu’est un travail terminé via la definition of done, et être ensuite inflexible dessus. Il n’y a pas d’exception : soit c’est 100% fini, soit ça ne l’est pas.

Les agilistes doivent également chercher à toujours maximiser la valeur apporter au client et aux utilisateurs finaux, en livrant des incréments produit fonctionnels et directement utilisables, et en respectant de hauts standards de qualité.

Enfin, l’équipe met en place des processus d’amélioration continue via la rétrospective à la fin de chaque itération, pour continuellement s’améliorer et atteindre l’excellence opérationnelle.

10 ) Faire simple et éviter le travail inutile

La simplicité – l’art de maximiser la quantité de travail qu’on ne fait pas – est essentielle.

ça vous paraît évident, et pourtant… Léonard de Vinci nous dit que « la simplicité est la sophistication suprême ».

Faire simple, c’est compliqué. Mais c’est essentiel.

Faire simple, cela veut dire :

  • Simplifier au maximum tout ce qui peut l’être.
    Plus c’est simple, plus c’est rapide à créer et surtout à maintenir. En gardant les choses simples, on s’évite des problèmes futurs.
  • Garder des documentations simples et facilement lisibles.
    300 pages dans un manuel utilisateur, je ne suis pas sûr que ce soit utile. Mieux vaut garder une documentation traitant uniquement des cas génériques, ce qui conviendra à 90% des utilisateurs, puis gérer le spécifique au cas par cas.
  • Éviter le travail inutile.
    Pas besoin de réinventer la roue. Si ça existe déjà, on le réutilise. Si la tâche ne permet pas d’apporter de la valeur immédiate au client, on la supprime.

11 ) Responsabiliser les équipes

Les meilleures architectures, les meilleures spécifications de besoins, et les meilleures conceptions émergent d’équipes auto-organisées.

Responsabiliser ses équipes, cela signifie les laisser travailler en autonomie, leur laisser leur indépendance dans la manière de travail, de s’organiser et de prioriser le travail. 

L’agilité va un cran plus loin en instaurant l’auto-organisation de l’équipe. C’est à l’équipe et l’équipe seule de déterminer la manière de travailler, les priorités ainsi que la charge de travail.

Le manager hiérarchique n’a pas son mot à dire et ne peut en aucun cas faire de l’ingérence.

Les personnes qui travaillent vers un but commun parce qu’elles le veulent seront toujours plus efficaces, plus motivées et plus fiables que des personnes qui travaillent parce qu’on leur a dit de le faire.

En agile, la confiance est le mode d’interaction par défaut. Et cela implique que chacun soit responsable de son travail.

12 ) Améliorer continuellement l’efficacité de l’équipe

A intervalles réguliers, l’équipe réfléchit aux façons de devenir plus efficace, puis modifie son comportement et l’ajuste en conséquence.

C’est le principe même de l’amélioration continue, où l’on cherche constamment à s’améliorer, gagner du temps, être plus efficace. C’est la clé pour atteindre l’excellence opérationnelle. C’est la clé des équipes performantes.

Concrètement, à la fin de chaque itération (chaque sprint), l’équipe se réunit en rétrospective afin d’identifier des axes de progrès de deux types :

  • Ce qui s’est bien passé et peut être renforcé.
    C’est l’occasion de renforcer l’usage de bonnes pratiques.
  • Ce qui s’est mal passé et peut être corrigé.
    C’est l’occasion de changer les manières de faire afin d’éviter de reproduire cette erreur.

Comme le dit si bien Ron Wallace :

« Une fois qu’on fait quelque chose bien, il faut recommencer du début et chercher à le faire encore mieux ».

Ron Wallace

Image de Thibault Baheux

Thibault Baheux

Tour à tour chef de projet puis manager d'équipe depuis 2008, je suis aujourd'hui directeur de projet indépendant. J'ai décidé via ce site de démocratiser la gestion de projets et de la rendre accessible à tous. Mes certifications : Prince2 Foundation, CompTIA Project+ certified, PSM1, PSPO1, Lean Six Sigma Black Belt.

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