Le triangle de fer est une notion agile, qui ne doit pas être confondue avec le triangle d’or, associé aux méthodes traditionnelles de gestion de projet.
Dans cet article, je vous explique ce qu’est le triangle de fer agile, et comment l’utiliser au quotidien dans vos projets.
Qu’est-ce que l’agile iron triangle ? Définition
Le triangle de fer agile, ou agile iron triangle, est un concept qui renverse le triangle d’or traditionnel de gestion de projet : dans un projet agile, les coûts et les délais sont fixes et définis à l’avance avec le client, et le périmètre devient la variable.
Ce triangle « renversé » s’explique car l’agilité permet de gérer des projets complexes voire chaotiques, pour lesquels le niveau d’incertitude est élevé et les changements nombreux.
On ne sait donc pas s’engager à l’avance sur un périmètre précis concernant le projet, celui-ci allant évoluer au fur et à mesure de l’apprentissage de l’équipe agile, et de l’évolution des besoins.
Ce triangle inversé agile permet de capturer la flexibilité, la souplesse et l’agilité dont font preuve les équipes agiles.
Le triangle d’or (à gauche) renversé devient le triangle de fer agile (à droite)
Différences entre le triangle de fer agile et le triangle d’or
Bien que le triangle de fer agile dérive du triangle d’or, ces deux notions sont diamétralement différentes :
- Le triangle d’or.
Le triangle d’or représente les trois contraintes d’un projet classique waterfall, que sont les coûts, les délais et le périmètre du projet. Les coûts et les délais sont estimés à partir du besoin qui est exprimé, et une variation sur l’une de ces contraintes agit invariablement sur les deux autres. - Le triangle de fer agile.
Dans le triangle de fer agile, les contraintes de coûts et de délais sont fixes et le périmètre est variable. Cela représente le fonctionnement d’un sprint agile, qui peut être considéré comme un mini projet : on sait à l’avance combien de temps le sprint va durer et combien il va coûter, mais on ne connaît pas le résultat final à l’avance.
Le triangle d’or s’applique à l’ensemble d’un projet géré en « waterfall », alors que le triangle de fer s’applique à un sprint agile.
Comment utiliser le triangle en pratiquant l’agilité
Lorsqu’on travaille en mode agile, par exemple en utilisant Scrum, le périmètre du projet est variable : on ne sait pas à l’avance ce que l’on va faire.
Ce principe est à la base de l’agilité : on n’a pas besoin de savoir précisément toutes les tâches à mener avant de démarrer le projet. En fait, planifier à long-terme est même une perte de temps.
100% de vos estimations sont fausses.
Frédéric Leguédois
A la place, l’agilité se concentre sur la vision et les objectifs à atteindre, et fait la part belle à l’adaptation face aux changements.
Le projet est découpé en sprints, des itérations de travail de durée similaire (entre 1 et 4 semaines). Chaque itération a son propre objectif et vise à développer un incrément du produit final : il peut s’agir par exemple d’un module d’une application plus ambitieuse.
Le triangle de fer agile s’applique précisément aux sprints.
En effet :
- La durée d’un sprint est fixe, entre 1 et 4 semaines.
- Le coût d’un sprint est fixe : l’équipe agile est connue et sa taille n’évolue quasiment jamais.
- L’objectif du sprint est défini au début de celui-ci.
- Le travail à réaliser (le périmètre) est priorisé selon l’objectif, et peut varier en fonction des évolutions du besoin, des apprentissages de l’équipe, des problématiques rencontrées, …
Le périmètre du sprint se précise et évolue au fur et à mesure du sprint et des échanges avec le client et les utilisateurs finaux.
On ne sait donc pas à l’avance ce qui va être livré, mai son est cependant sûr d’une chose : un livrable fonctionnel et utilisable sera fourni à la fin de chaque sprint.
Le triangle de fer agile est le nouveau paradigme de la gestion de projet
Le triangle agile : Nouveau paradigme ?
Étant insatisfait par le triangle de fer agile, qui selon lui ne reflétait pas la philosophie de l’agilité, Jim Highsmith a mis au point le triangle agile.
Ce triangle agile a la pointe vers le haut, comme le triangle de fer classique, mais voit ses contraintes évoluer :
- La valeur et l’impact.
Quelle est la valeur et l’impact du livrable perçu par les utilisateurs finaux et par le client ? - La qualité intrinsèque.
Le livrable est-il fiable, sans bugs, sans dysfonctionnements, sans anomalies ? - Les contraintes.
Comprend le budget, les délais et le périmètre du projet.
Pourquoi avoir fait ce choix ? Car la valeur est ce qu’on attend réellement d’un projet. Produire de la valeur réelle et être impactant pour ses utilisateurs finaux ou ses clients.
Ce triangle agile permet de se concentrer sur la valeur à apporter aux clients, mais également d’encourager le code de qualité pour les développeurs, afin d’éviter une dette technique trop importante.
Le triangle de fer agile ne représente pas totalement ce qu’est l’agilité, d’où le triangle agile proposé par Jim Highsmith
Même si le triangle agile est une meilleure représentation de ce qu’est l’agilité, celle-ci est toujours incomplète, et on pourrait encore pousser le sujet un peu plus loin.
Et c’est comme ça qu’on en arrive au triangle agile étendu :
L’agilité, c’est avant tout de l’humain et de l’amélioration continue
On se retrouve cette fois avec 3 triangles liés les uns aux autres :
- Le triangle Résultats.
Ce triangle a 3 sommets : la qualité intrinsèque, la valeur réelle / perçue et l’amélioration continue. - Le triangle Contraintes.
Ce triangle a 3 sommets, correspondant aux triples contraintes du triangle d’or classique : les coûts, les délais et le périmètre. - Le triangle Agile.
Ce nouveau triangle a une base correspondant aux deux sommets des triangles précédents : l’amélioration continue, et le périmètre projet. Le troisième sommet correspond à l’humain (motivation, confiance, excellence, …)
Alternatives au triangle de fer agile
1 ) Diamant du management de projet
Le diamant du management de projet est un concept intégré par la méthodologie Prince 2. (Source)
Il reprend les mêmes contraintes que le triangle QCD, à savoir :
- La qualité.
- Les coûts.
- Les délais.
Et y ajoute une quatrième contrainte : le périmètre.
Ainsi, la qualité et le périmètre sont maintenant deux entités distinctes. Cela a pour effet de ne plus confondre la qualité des livrables et du travail fourni, et le périmètre du projet, et d’éviter aussi de se concentrer sur la qualité du travail en oubliant totalement le périmètre projet.
Schéma du diamant de gestion de projet, proposé par Prince2
2 ) Project Management Star
Le guide PMBOK (Project Management Body Of Knowledge) propose quant à lui une étoile à 6 branches pour remplacer le triangle de fer. (Source)
Les contraintes associées à chacune des 6 branches sont les suivantes :
- Le périmètre.
Quel est l’attendu exact du projet ? - Les coûts.
Quel budget a été alloué au projet ? - La planification.
A quelle date le projet doit-il être livré ? - La qualité.
Le résultat du projet répond-il aux besoins et attentes du client ? - Les ressources.
Quelles sont les ressources humaines et matérielles nécessaires pour la réalisation de ce projet ? - Les risques.
Qu’est-ce qui peut mal tourner, et que peut-on faire pour limiter ce risque ?
La project management star, proposée par le PMBOK (PMI)
Cette étoile Project Management Star se compose de deux triangles :
- Le premier relie les contraintes de coûts, de planification et de périmètre entre elles.
- Le second relie les contraintes de qualité, de ressources et de risques entre elles.
Comme pour le diamant proposé par Prince 2, la qualité et le périmètre sont maintenant clairement séparées par rapport au triangle d’or.
3 ) Pentagone de fer
Le pentagone de fer est une alternative intéressante qui s’adresse principalement aux agilistes (mais pas que) et qui est proposée par Grégory Alexandre. (Source)
Le pentagone de fer se pose en alternative crédible au triangle d’or du projet ainsi qu’au triangle agile, tous deux imparfaits.
La représentation du triangle d’or fait croire que les seules variables à regarder sont la capacité de livrer le maximum de fonctionnalités dans les temps et le budget souhaité, avec la meilleure qualité intrinsèque possible.
On retrouve donc dans le pentagone de fer les cinq contraintes suivantes :
- Le périmètre.
Quel est l’attendu exact du projet ? - Le coût.
Quel budget a été alloué au projet ? - Le délai.
A quelle date le projet doit-il être livré ? - La qualité intrinsèque.
La qualité intrinsèque est une notion agile qui dit qu’un livrable projet de qualité ne correspond pas seulement aux besoins et attentes du client, mais doit également être exempt de bugs, d’anomalies et de dysfonctionnements. - L’humain.
Probablement la contrainte la plus sous-évaluée, mais ô combien indispensable pour aller au bout de vos projets.
Représentation du pentagone de fer en gestion de projets
Comme l’explique Grégory Alexandre, cette notion d’humain est primordiale pour faire comprendre qu’agir sur l’une des 4 contraintes,c ‘est agir sur l’énergie humaine de l’équipe.
L’humain n’est pas la cinquième roue du carrosse, comme certains veulent bien le croire. Cette contrainte est au cœur du processus de gestion de projets.
Une équipe en souffrance à cause d’un rythme difficilement soutenable (comme les périodes de crunch dans le secteur des jeux vidéo) agit négativement sur les 4 autres contraintes du pentagone de fer.