La gestion de projet peut parfois sembler un domaine complexe et imprévisible, où chaque nouvelle expérience, où chaque nouveau projet, vient défier nos connaissances et nos compétences.
Comment faire pour s’en sortir, éviter les problèmes sur les projets futurs, et s’améliorer continuellement ? La réponse réside dans l’empirisme.
Si vous ne savez pas ce qu’est l’empirisme, pas de panique. Je vous explique tout ça dans l’article.
Qu’est-ce que l’empirisme en gestion de projet ?
L’empirisme est une approche pragmatique qui consiste à prendre des décisions sur la base d’observations factuelles et de faits mesurables. Ce concept est au cœur des méthodes agiles modernes, telles que Scrum.
L’origine de ce concept remonte à l’Antiquité, lorsque des médecins ont décidé de remettre en cause le dogmatisme existant. Le dogmatisme, c’est quand une vérité déterminée par une autorité quelconque, est immuable et incontestable. Autrement dit, c’est lorsqu’on vous dit que « On fait comme ça parce que c’est comme ça, on a toujours fait comme ça, tu ne discutes pas ».
L’empirisme se bat contre cela. Ce courant de pensée philosophique ne se fonde pas sur la croyance, mais sur les connaissances.
Et la connaissance, c’est une accumulation d’observations et de faits mesurables, permettant d’en extraire des lois. Ce concept d’empirisme est au cœur même de la démarche scientifique moderne.
Aujourd’hui, si vous ne pratiquez pas l’empirisme en gestion de projet, que ce soit via les méthodes agiles ou les méthodes traditionnelles, alors vous courez droit au désastre. Car vous ne pourrez pas mettre en place les processus d’amélioration continue.
4 principes-clés de l’empirisme
Il existe 4 piliers qui permettent d’intégrer l’empirisme au mode projet :
- La transparence.
La transparence favorise la communication et la visibilité des informations au sein de l’équipe projet. Cela consiste à dire ce qu’on a réalisé, donner des rapports d’avancement, mentionner les problèmes que l’on rencontre sans les minimiser ni les mettre sous le tapis, expliquer sa façon de travailler, … - La collaboration.
La collaboration permet de travailler en équipe afin d’apprendre les uns des autres, et de communiquer et de partager ses expériences. L’échange d’idées et le soutien mutuel sont des éléments clés de la réussite d’un projet basé sur l’empirisme. - L’inspection.
L’inspection est un contrôle régulier permettant d’évaluer régulièrement la situation du projet. Les éléments du projet sont inspectés sur la base de faits mesurables. C’est l’équipe qui est en charge de l’inspection, et non le top management, selon les principes de responsabilisation et d’auto-organisation. - L’adaptation.
L’adaptation permet de modifier les plans en fonction des expériences vécues et des résultats obtenus. On tire ainsi des leçons du passé, dans le but de s’améliorer continuellement afin d’assurer la réussite du projet.
Ces 4 piliers s’inspirent largement des trois piliers du cadre de travail Scrum.
Comment pratiquer l’empirisme en management de projet ?
Que vous soyez Team agile ou Team traditionnelle, vous pouvez pratiquer l’empirisme, peu importe la méthode de gestion de projet employée.
Voici 10 conseils pour vous aider à pratiquer l’empirisme au quotidien :
- Adapter son plan au fur et à mesure de l’avancement du projet.
Un plan fonctionne bien en théorie, mais il peut ne pas résister à la pratique. On peut rencontrer de multiples imprévus, aléas, problèmes et autres risques sur un projet. Il est nécessaire d’en tenir compte, de tirer des leçons de ces expériences et du vécu, et d’adapter son plan en conséquence. - Mettre en place des rétrospectives ou des réunions d’amélioration continue.
En Scrum, on appelle ça des rétrospectives. Il s’agit de réunions d’équipe dédiées à l’amélioration continue, obligatoire et qui ont lieu à la fin de chaque sprint. Si vous utilisez une méthode prédictive traditionnelle, vous pouvez très bien proposer cela à l’équipe, par exemple 2 heures toutes les 2 semaines, afin de vous améliorer collectivement. - Établir des indicateurs de performance (KPI) factuels.
Les indicateurs de suivi de projet que vous intégrez à votre tableau de bord vous permettent d’avoir des données factuelles concernant votre projet. Vous pouvez ainsi corréler des ressentis et des expériences avec des faits, comprendre ce qui a déclenché ce que vous avez vécu, et en tirer des leçons. - Favoriser le partage d’expériences au sein de l’équipe projet.
Le chef de projet doit être le moteur de la communication et de la collaboration au sein de l’équipe projet. Il doit créer un climat de confiance dans lequel chacun est respecté et écoute, et qui favorise le partage d’expériences et la recherche de solutions. Le droit à l’erreur est respecté, et les décisionnaires ne doivent pas chercher de coupable chaque fois qu’un incident se produit. - Organiser des retours d’expérience au sein de l’organisation.
Les retours d’expérience (REX ou RETEX) sont intéressants à plus d’un titre. Ils permettent au chef de projet de faire le bilan objectif de son projet, d’identifier ce qui a bien marché et qui pourrait être renforcé, et ce qui n’a pas bien fonctionné et qui pourrait être amélioré. Pour l’organisation, ce partage d’expérience permet de s’améliorer collectivement et d’éviter de reproduire les mêmes erreurs sur de futurs projets. - Consulter les bilans projets archivés des précédents projets.
Lors de la phase de démarrage de votre projet, je vous encourage vivement à consulter les bilans archivés de projets précédents similaires au vôtre. Vous pourrez ainsi en tirer des leçons, et adapter vos estimations, votre planning et votre plan d’action en conséquence. En apprenant du passé, on est plus efficace et plus proactif. - Accepter le changement.
Tout ne se passe pas toujours comme prévu. Les difficultés peuvent apparaîtrent d’un coup. Le client peut changer d’avis ou proposer des modifications au périmètre du projet. Ne vous fermez pas à ces changements. Au contraire, accueillez-les. Ils vous permettront d’adapter votre projet pour apporter encore plus de valeur. - S’auto-évaluer à intervalles réguliers.
N’attendez pas que le Top management évalue l’équipe. Cela ne fonctionne pas. Préférez plutôt vous auto-évaluer au sein de l’équipe, aussi bien sur la qualité des livrables, que votre façon de travailler. Faites preuve d’esprit critique et recherchez des axes d’amélioration. Il y en a toujours ;-). - S’inspirer des bonnes pratiques et études de cas sur des projets similaires.
Sur Internet, vous trouverez également de nombreuses études de cas et des bonnes pratiques, dont vous pouvez vous inspirer dans votre pilotage de projet. Vous pouvez également interviewer des chefs de projet en interne ou en externe pour bénéficier de leurs conseils, à condition de ne pas divulguer d’informations confidentielles. - Adopter la philosophie « Test & Learn ».
Enfin, n’hésitez surtout pas à tester de nouvelles choses sur le terrain. Que ça fonctionne ou pas, vous aurez appris quelque chose, ce qui vous fera progresser dans l’exécution de votre projet. C’est ce qu’on appelle la méthode « Test & Learn ». Associé à des boucles de rétroaction comme les sprints, c’est hyper puissant.
De manière générale, je vous encourage vivement à développer une culture d’apprentissage organisationnelle, au sein de votre entreprise.
En intégrant l’empirisme dans la culture de votre organisation, vous encouragez ainsi l’apprentissage, la créativité, l’innovation, l’adaptation et l’amélioration à tous les niveaux, ce qui peut conduire à une meilleure performance globale.
4 méthodologies empiriques de pilotage de projet
Parmi les méthodes et techniques de management de projet, les méthodes empiriques les plus connues sont :
- Le framework Scrum.
La méthode Scrum est une approche de gestion de projet Agile qui se concentre sur la collaboration, l’itération et la livraison de produits de haute qualité. Elle est basée sur un processus itératif et incrémental qui implique une planification, des réunions quotidiennes, des revues et des rétrospectives régulières. La notion d’empirisme est d’ailleurs inscrite dans le guide Scrum officiel. - La méthode Kanban.
La méthode Kanban est une approche de gestion de flux de travail visuelle qui vise à améliorer la livraison continue de produits ou services de haute qualité. Elle se concentre sur la limitation du travail en cours et la réduction des goulets d’étranglement pour améliorer l’efficacité et la qualité du travail. - Le lean management.
Le Lean Management est une méthode de gestion de la production qui vise à maximiser la valeur pour le client tout en minimisant les gaspillages. Elle se concentre sur l’amélioration continue des processus, l’implication des employés et la réduction des coûts. - La roue de Deming, ou PDCA.
La roue de Deming décrit un processus d’amélioration continue, popularisé par Deming. PDCA signifie Plan, Do, Check, Act.
De manière générale, toutes les méthodologies de gestion de projet qui intègrent des processus d’amélioration continue se fondent sur l’empirisme.
Pour aller + loin : Si vous souhaitez continuer à explorer ce concept d’empirisme, je vous encourage la lecture de cet article d’Aude Bandini.