Un risque, c’est quelque chose qui pourrait survenir dans le futur et impacter le projet. C’est simple à comprendre. Même si l’identification et la gestion de ces risques est un art en soi.
Mais en management des risques, c’est un peu plus compliqué que ça.
Un risque n’est pas la même chose qu’un imprévu, qu’un aléa ou qu’un problème.
Dans cet article, je vais lever les confusions entre ces 4 termes, vous expliquer ce qu’ils sont réellement, et indiquer les principales différences entre ces termes.
Quelques définitions
Un projet signifie nécessairement apporter un changement (le résultat du projet). Ce changement, ainsi que le contexte du projet et l’environnement dans lequel il évolue apporte nécessairement de l’incertitude.
Tout le travail du chef de projet et de son équipe est donc de réduire le plus possible cette incertitude afin d’être en mesure d’atteindre les objectifs fixés et de livrer les résultats attendus (dans le respect du périmètre projet), le tout le plus rapidement possible (dans le respect des délais), et pour le coût le moins cher possible (dans le respect du budget).
Selon la norme française NFX50-117, ou FD X50-117 de son vrai nom (Management de projet – Gestion du risque – Management des risques d’un projet), l’incertitude peut provenir d’événements de nature variés :
- Les imprévus.
- Les aléas.
- Les risques.
- Les problèmes.
Qu’est-ce qu’un imprévu en gestion de projet ?
Un imprévu est un événement futur possible, mais non identifiable. Il s’agit de difficultés techniques, opérationnelles et organisationnelles pouvant survenir en cours de projet, mais qu’il est impossible d’anticiper.
Par exemple, l’arrivée surprise d’une nouvelle solution technologique disruptant un marché ne peut pas être anticipée. ça a été le cas de ChatGPT qui a surpris tout le monde et a bouleversé totalement le secteur du webmarketing, du SEO et de la tech.
La bonne pratique pour les imprévus est de prévoir un matelas de sécurité, intégré au budget du projet.
Ainsi, lorsqu’on estime le budget prévisionnel à attribuer à un projet, on prévoit généralement une « provision sur risques » (Oui, le nom est mal choisi) afin d’absorber les imprévus, de l’ordre de 5% à 10% du budget total du projet.
Qu’est-ce qu’un aléa ? Définition
Un aléa est un événement futur possible, identifiable mais qui n’est pas quantifiable. Il s’agit de soucis potentiels qui pourraient survenir en cours de route, mais pour lesquels on ne sait pas déterminer la probabilité de survenance ni les impacts sur le projet.
Par exemple, la consolidation de données émanant de deux services différents peut être bien plus longue que prévue, et générer des impacts opérationnels qu’il n’était pas possible de prévoir dès le début du projet.
Les aléas se rapprochent beaucoup des imprévus. Le matelas de sécurité budgétaire de l’ordre de 5% à 10% permet également de se prémunir des aléas du projet.
Qu’est-ce qu’un risque en gestion de projet ?
Un risque est un événement futur et incertain, qui a une probabilité de survenance et qui pourrait perturber le projet en cas d’apparition. Il s’agit d’un événement que l’on est en mesure d’identifier et que l’on peut quantifier.
La gestion de projet permet au chef de projet de mettre en place des processus de management des risques afin de les identifier, de les catégoriser, et les gérer. On met ainsi généralement en place des plans d’atténuation et de mitigation des risques, afin d’éviter qu’ils ne surviennent en premier lieu.
Il existe deux types principaux de risques :
- Les risques exogènes.
Il s’agit des risques extérieurs à l’entreprise. Par exemple : évolution de la réglementation, délais supplémentaires de livraison côté fournisseur, pandémie mondiale, risques politiques et sociaux, météo, … - Les risques endogènes.
Il s’agit des risques internes à l’entreprise. Par exemple : organisation du projet, indisponibilités des experts, mauvaises estimations, choix des prestataires, …
Un risque peut se transformer en problème s’il se réalise, disparaître sans jamais se produire, ou encore générer des risques secondaires et résiduels une fois le plan d’action mis en place.
Qu’est-ce qu’un problème ? Définition
Un problème est un risque, un aléa ou un imprévu qui s’est réalisé, et qui a des impacts réels sur le projet. Il s’agit d’un événement à résoudre le plus vite possible grâce à une technique de résolution de problèmes, et qui peut déclencher une gestion de crise en fonction de sa gravité.
Plus vous tardez à gérer ce problème et à le résoudre, plus les impacts sont conséquents (le plus souvent : dépassement des délais et des coûts). Mais les impacts peuvent aller jusqu’au gel ou à l’arrêt définitif du projet.
Différences entre imprévu, aléa, risque et problème ?
Caractéristiques | Imprévu | Aléa | Risque | Problème |
---|---|---|---|---|
Description | Événement futur pouvant impacter le projet et ne pouvant pas être anticipé. | Événement futur pouvant être identifié mais dont les impacts sont inconnus. | Événement futur et incertain, avec une probabilité de survenance et pouvant impacter le projet. | Risque, aléa ou imprévu qui s’est réalisé et qui a des impacts réels sur le projet. |
Caractéristiques | Non identifiable, Non quantifiable. | Identifiable, Non quantifiable. | Identifiable et Quantifiable. | Événement qui s’est réalisé. |
Prévention | Provision budgétaire de l’ordre de 5% à 10% du budget total du projet. | Provision budgétaire de l’ordre de 5% à 10% du budget total du projet. | Processus de management des risques, et plans d’atténuation et de mitigation. | N/A (le problème est déjà survenu)Nécessaire d’utiliser des méthodes de résolution de problèmes. |
Impacts sur le projet | Positif ou Négatif. Ne peut pas être clairement estimé. | Négatif. Ne peut pas être clairement estimé. | Négatif.Peut être estimé, qualifié et quantifié. | Négatif. Impacts réels. |
Exemple | Sortie surprise d’une nouvelle solution technologique. | Difficulté technique qui consomme plus de temps que prévu et génère des impacts opérationnels insoupçonnés. | Augmentation des prix à cause de l’inflation, indisponibilités de l’équipe. | La solution technique de migration informatique ne marche pas et fait prendre 2 jours de retard. |
Vu sur Open Classrooms
Ces événements peuvent-ils avoir des impacts positifs sur le projet ?
Les imprévus, aléas et risques ne sont pas nécessairement négatifs. Ils peuvent aussi apporter des opportunités au projet.
En effet, nous avons été conditionné depuis tout petit pour voir le risque comme une mauvaise chose qu’il faut éliminer à tout prix. Ce concept de risques positifs va même à l’encontre du langage courant. Mais certains risques sont bons à prendre.
La façon la plus facile de découvrir les risques positif est de le faire de la même manière que les risques négatifs. Travaillez avec votre équipe pour lister des opportunités qui pourraient impacter le projet.
Par exemple, un risque positif, ou upside risk en anglais, pourrait être :
- Être submergé de commande client, ce qui signifie que le produit s’est mieux vendu que prévu.
- Recevoir 10 fois plus de visites que prévu sur un site web, grâce à une stratégie marketing et SEO efficace.
- Un risque de variabilité des coûts des matières premières peut faire que l’on achète plus bas qu’anticipé. On gagne donc de l’argent sur un projet.
Pour aller + loin : Dans cet article, j’explore plus en détails la notion de risques positifs sur les projets.
Je vous invite également à lire cet article de Michel Operto sur la manière de manager les risques positifs. Très instructif.
Quels risques faut-il prendre en compte pour gérer son projet ?
Lorsqu’on gère les risques de son projet, on se concentre sur les événements que l’on est en mesure d’identifier et d’anticiper avant qu’ils ne se produisent. On se concentre ainsi sur les risques, en délaissant les aléas et les imprévus (puisqu’on a déjà prévu une marge de sécurité pour les gérer).
Parmi les risques qui peuvent survenir, un chef de projet va se concentrer exclusivement sur les événements qui peuvent impacter l’atteinte des objectifs opérationnels du projet, c’est à dire ceux qui pourraient avoir un impact sur les triples contraintes : coûts, qualité et délais.
Ces risques opérationnels doivent ainsi être suivis dans un registre des risques, et chacun d’entre eux doit avoir une réponse adaptée, afin d’éviter que ces risques se concrétisent. Ils sont revus sur une base régulière par le gestionnaire de projet, et présentés lors des comités de pilotage.
Il existe également des risques stratégiques, mais ceux-ci ne doivent pas être suivis par le chef de projet. Ils sont pris en compte soit par le directeur de projet, soit par le sponsor du projet, soit par le commanditaire du projet. Ils peuvent également être revus en comité de pilotage.
Pour aller + loin : Vous avez du mal à distinguer la gestion des risques de la gestion de crise ? Consultez cet article pour mieux comprendre la différence entre ces deux notions fondamentales.