Chemin critique vs Chaîne critique : Quelles différences ?

Table des matières

Le chemin critique et la chaîne critique sont deux techniques de planification et de gestion de projet, assez proches l’une de l’autre. Ce qui fait qu’il est parfois compliqué de les distinguer.

Dans cet article, je vaisa border les principales différences existantes entre ces deux méthodes, et vous dire quand utiliser l’une ou l’autre.

Différences entre chemin critique et chaîne critique

Voici un tableau récapitulatif des principales différences qui existent entre la méthode du chemin critique (Critical Path Method, ou CPM), et la méthode de la chaîne critique (Critical Chain Project Management, ou CCPM).

ThèmesChemin CritiqueChaîne Critique
DescriptionPlus longue séquence ininterrompue de tâches liées entre elles.Plus longue séquence de tâches liées entre elles par des dépendances logiques et implicites.
Tient compte des dépendances ?Dépendances logiques (de type prédécesseur – successeur, ou Fin à Début)Dépendances logiques + Dépendances implicites (ressources, disponibilités).
Autorise le multi-tâches ?Oui, plusieurs tâches peuvent être affectées à une même personne en parallèle.Non, une personne ne peut se concentrer que sur une seule tâche à la fois.
Intègre des marges de sécurité (tampons, ou buffers)Non, les tâches critiques ont une marge nulle.Oui, par séquence de tâches ainsi qu’à la fin du projet.
Gestion des retardsTout retard sur le chemin critique entraîne un décalage de la date de fin du projet.Tout retard sur la chaîne critique « grignote »  la marge de sécurité, sans immédiatement décaler la fin du projet.
Dans quel cas l’utiliser ?Mono-projet.
Équipe dédiée au projet à 100%.
Ressources et disponibilités limitées. Acteurs partagés sur plusieurs projets en parallèle.
Autorise les changements ?Non. Un changement sur le chemin critique décale l’échéance finale du projet.Oui, dans la limite des marges de sécurité définies. Ne décale pas la date de fin du projet.
Pilotage de projetPar les échéances.Par les comptes à rebours, les buffers et la fever chart.

Pour aller + loin : Si vous souhaitez approfondir le sujet, Christian Hohmann en parle très bien sur son site, en rentrant plus dans le détail technique.

Qu’est-ce que le chemin critique ?

Le chemin critique est la plus longue séquence ininterrompue de tâches liées entre elles, déterminant le temps minimum nécessaire pour mener à bien un projet.

Il permet au chef de projet de déterminer la date minimum de fin du projet, et de déterminer quelles sont les tâches critiques du projet. Ces tâches critiques ont une marge nulle, ce qui veut dire que tout retard pris sur le chemin critique retardera la fin du projet.

La méthode du chemin critique a été élaborée à la fin des années 1950 par James E. Kelley de Remington Rand et Morgan R. Walker de DuPont.

Au même moment, l’US Navy et Booz Allen Hamilton ont développé une technique similaire, la méthode PERT, qui est à l’origine du terme “chemin critique”.

Pour aller + loin : Consultez cet article pour découvrir ce qu’est le chemin critique et comment le calculer.

Qu’est-ce que la chaîne critique ?

La chaîne critique reprend le même principe que le chemin critique, en tenant compte à la fois des dépendances entre tâches et de la disponibilité limitée des acteurs projet.

Elle se fonde sur les limites de la méthode du chemin critique :

  • Il ne tient pas compte de la limitation des ressources.
    Facile à identifier, il n’est cependant pas réaliste ni facile à respecter. Il ne tient en effet pas compte des disponibilités limitées des personnes, ni du fait que ces personnes peuvent devoir faire plusieurs tâches en parallèle, ce qui n’est pas viable et sème de la confusion.
  • Il génère une sur-utilisation des ressources.
    Cela amène une démotivation et un désengagement dans le temps, et oblige le chef de projet à procéder à un lissage ou un nivellement des ressources.
  • Il autorise à tord le multi-tâches.
    C’est une perte de temps considérable sur un projet, qui crée de la confusion dans l’esprit des acteurs projet, et qui nécessite un temps d’adaptation à chaque fois qu’on passe à une tâche différente (on perd ainsi en temps et en concentration, et donc en qualité).
  • Une durée des tâches surestimées.
    Les collaborateurs ajoutent des marges de sécurité lorsqu’ils estiment des tâches, anticipant ce qui va mal se passer, au cas où. Tout le planning projet est faussé et rallongé inutilement. Et selon la loi de Parkinson, l’équipe projet prendra le temps qu’elle s’est octroyée pour mener le projet à bien. C’est donc une perte de temps et d’argent.

Tout comme le chemin critique, un retard dans le démarrage d’une tâche de la chaîne critique peut avoir un impact négatif sur tout le projet. C’est pour cela que la méthode prévoit l’ajout de marges de sécurité, après certaines séquences de tâches et à la fin du projet.

Contrairement à la méthode du chemin critique, qui se focalise essentiellement sur la date d’achèvement des tâches, cette méthode évalue la réussite d’un projet en fonction de la vitesse à laquelle ces ressources tampons sont épuisées.

Pour aller + loin : Découvrez dans cet article la méthode de la chaîne critique et ses principes de fonctionnement.

Comment choisir entre chemin critique et chaîne critique ?

La méthode de la chaîne critique est à utiliser le plus souvent possible en remplacement de la méthode du chemin critique, plus datée et moins efficace aujourd’hui.

La gestion de projet par la chaîne critique se prête particulièrement bien aux situations suivantes :

  • Beaucoup de dépendances entre tâches.
    Plus il y a de dépendances entre les tâches, plus le chef de projet devra prêter attention à ce que tout se déroule comme prévu. La chaîne critique permet d’éviter le chevauchement de tâches affectées à une même ressource, et gère les marges de sécurité par séquence de tâches.
  • Des ressources et des disponibilités limitées.
    Contrairement au chemin critique, cette méthode permet de tenir compte des ressources humaines affectées au projet et de leurs disponibilités afin de construire le planning projet.
  • Des collaborateurs partagés entre plusieurs projets.
    Lorsqu’un expert intervient sur plusieurs projets en simultané, il se retrouve souvent tiraillé entre plusieurs sujets. La méthode CCPM permet d’identifier les projets les plus à risque et d’affecter en priorité des personnes sur ces sujets.
  • Un projet avec pas mal d’incertitude.
    Plus il y a d’incertitudes, plus il y a de chances que le projet prenne du retard. La chaîne critique permet d’éviter cela, tout en s’assurant que la livraison du projet se fasse le plus rapidement possible.
Image de Thibault Baheux

Thibault Baheux

Tour à tour chef de projet puis manager d'équipe depuis 2008, je suis aujourd'hui directeur de projet indépendant. J'ai décidé via ce site de démocratiser la gestion de projets et de la rendre accessible à tous. Mes certifications : Prince2 Foundation, CompTIA Project+ certified, PSM1, PSPO1, Lean Six Sigma Black Belt.

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