Avant de se lancer tête baissée dans son projet, il est intéressant de connaître les taux de réussite et d’échec des projets afin de mettre toutes les chances de son côté.
Dans cet article, nous allons analyser les statistiques tirées des différentes études du Standish Group sur les taux de réussite et d’échecs des projets.
Taux de succès des projets : statistiques détaillées
Le taux de réussite des projets plafonne depuis des années à 29%, toutes méthodologies de gestion de projet confondues. En 2018, le taux de réussite des projets IT n’est que de 14%. Les études du Standish Group confirment que plus le projet est long et complexe, plus les chances de réussite sont faibles.
Les statistiques et analyses de cet article se basent sur les études « Chaos Report » menées par le Standish Group, entre 2011 et 2015. (Source)
Le Standish Group, qui s’est spécialisé dans le conseil et la recherche de données sur les performances de développement de logiciels, mène depuis 1994 ses enquêtes sur les taux de réussite et d’échec des projets.
Pour arriver aux résultats présentés dans cet article, le Standish Group a analysé plus de 50 000 projets à travers le monde, avec des coûts allant de 400 000 € à plus de 2 millions d’euros.
Quelle est l’évolution du taux de réussite des projets par année ?
Le taux de succès des projets, tous secteurs et toutes méthodologies de gestion de projet confondues, est remarquablement stable d’une année sur l’autre.
Mais avant de se concentrer sur les chiffres, les définitions s’imposent.
- Projet réussi.
Le résultat du projet correspond en tout point à l’attendu (l’expression de besoin), et celui-ci a été réalisé dans les temps, avec le niveau de qualité et le budget souhaité. - Projet en difficulté.
Le livrable du projet respecte partiellement ce qui était demandé, où a été livré en retard, où le budget du projet a été dépassé, où encore la qualité du travail fourni est en deçà de ce qui était attendu. - Projet échoué.
Le projet est un échec : il n’a pas été mené au bout, ou le résultat n’est absolument pas conforme au besoin exprimé, ou encore est annulé ou repoussé à une date indéfinie.
Taux de réussite des projets par année
2011 | 2012 | 2013 | 2014 | 2015 | |
---|---|---|---|---|---|
Projets réussis | 29 % | 27 % | 31 % | 28 % | 29 % |
Projets en difficultés | 49 % | 56 % | 50 % | 55 % | 52 % |
Projets échoués | 22 % | 17 % | 19 % | 17 % | 19 % |
En résumé, selon le rapport du Standish Group :
- 19% des projets sont stoppés net avant d’être terminés, et ne sont donc jamais déployés.
- 1 projet sur 2 rencontre des difficultés en terme de délais, qualité, budget, ou respect du besoin.
- 1 projet sur 3 est une réussite, autrement dit respecte en tout point le cahier des charges et se termine dans les temps et dans le budget prévu.
Ainsi :
Plus de 71% des projets n’aboutissent pas comme ils l’étaient prévus au départ.
Quel est le taux de succès pour les projets complexes ?
Plus le projet est volumineux, plus il s’étale dans le temps, plus il est complexe, et moins vous avez de chances de le voir aboutir.
C’est un fait, qui ressort directement des études menées par le Standish Group.
Taux de succès des projets en fonction de leur taille
Taille du projet | Projets réussis | Projets en difficultés | Projets échoués |
---|---|---|---|
Grand | 2 % | 7 % | 17 % |
Large | 6 % | 17 % | 24 % |
Medium | 9 % | 26 % | 31 % |
Modéré | 21 % | 32 % | 17 % |
Petit | 62 % | 16 % | 11 % |
Que peut-on déduire de ces chiffres ?
- Plus un projet est petit, meilleures sont ses chances de réussite
- Plus un projet est grand et complexe, moins il a de chances d’aboutir.
- Nous sommes incapables en tant qu’être humain de faire des estimations correctes passé un certain ordre de grandeur.
- Il vaut mieux découper un projet complexe en sous-projets distincts si l’on souhaite le mener à son terme.
Le taux de succès est-il plus important pour les projets agiles ?
Avec le développement de l’utilisation des méthodes agiles, et notamment de Scrum, le Standish Group a pu comparer le taux de succès des projets en fonction des méthodologies utilisées : méthodes agiles d’un côté, et méthodes prédictives (traditionnelles, ou waterfall) de l’autre.
Taux de succès des projets en fonction de la méthodologie choisie (Agile vs Waterfall)
Méthodologie Projet | Projets réussis | Projets en difficultés | Projets échoués |
---|---|---|---|
Agile | 39 % | 52 % | 9 % |
Waterfall | 11 % | 60 % | 29 % |
Les projets agiles ont ainsi 3 fois plus de chances de réussir et 3 fois moins de chances d’échouer que les projets traditionnels (waterfall).
Mais ces chiffres se confirment-ils pour toutes les tailles de projet ?
Taille Projet | Méthodologie Projet | Projets réussis | Projets en difficultés | Projets échoués |
---|---|---|---|---|
Grands projets | Agile | 18 % | 59 % | 23 % |
Cell | Waterfall | 3 % | 55 % | 42 % |
Moyens projets | Agile | 27 % | 62 % | 11 % |
Cell | Waterfall | 7 % | 68 % | 25 % |
Petits projets | Agile | 58 % | 38 % | 4 % |
Cell | Waterfall | 44 % | 45 % | 11 % |
Il semble bien que oui : les projets agiles ont une tendance à mieux réussir que les projets traditionnels gérés avec les méthodes prédictives.
Je vais toutefois nuancer un peu ces résultats :
- Le Standish Group a principalement analysé des projets de développement informatique, qui se prête bien aux méthodes agiles.
- Les méthodes traditionnelles de gestion de projet se prêtent toujours bien à certaines topologies de projets.
- Même si le taux de succès des projets agiles augmentent sensiblement, cela laisse tout de même en moyenne 61% des projets qui rencontrent des difficultés ou sont des échecs, soit la majorité des projets. ça laisse une sacrée marge de progression !
Même en adoptant l’agilité, il y a donc encore un long chemin à parcourir pour transformer la majorité des projets en succès.
Même avec les méthodes agiles, 61% des projets rencontrent des difficultés ou sont annulés en moyenne.
Comment expliquer ces statistiques surprenantes ?
Pourquoi les projets échouent ?
Les facteurs humains sont bien trop souvent oubliés en matière de gestion de projets, alors qu’ils sont la cause de la majorité des échecs : conflits, incompréhensions, mauvaise communication, engagements pris à la légère, ressources surchargées, etc…
Il existe bien sûr d’autres explications, mais les facteurs humains restent la cause de la plupart des difficultés rencontrées.
Voici les réponses les plus courantes que vous obtiendrez en sondant vos équipes :
- Incompréhension du besoin du client
- Manque de visibilité sur le besoin réel des utilisateurs du produit
- Manque d’implication des parties prenantes
- Problématiques techniques
- Ressources surchargées
- Besoin pas assez clairement exprimé ou en constante évolution
- Exigences impossibles à tenir (planning serré, budget trop restreint, équipe trop petite)
- Manque de compétences ou d’expérience
Pour aller + loin : Consultez cet article pour découvrir les vraies causes de retard d’un projet.
Qu’est-ce qui fait qu’un projet réussit ?
Dans la version 2018 de son chaos report (Source), le Standish Group a posé cette question à des chefs de projet et des managers dans l’informatique et voici les 10 facteurs de succès qui en ressort d’après eux :
Facteurs de succès des projets | Pourcentage de réponses |
---|---|
Implication des utilisateurs finaux | 15,9 % |
Soutien de la direction / sponsor du projet | 13,9 % |
Besoin clairement exprimé | 13 % |
Planning réaliste | 9,6 % |
Attentes réalistes | 8,2 % |
Découpage projet plus fin | 7,7 % |
Équipes compétentes | 7,2 % |
Appropriation du projet | 5,3 % |
Vision et objectifs clairs | 2,9 % |
Équipes engagées et impliquées | 2,4 % |
Autres | 13,9 % |
Sans surprise, on peut voir que les 3 premiers facteurs de réussite d’un projet sont :
- L’implication des utilisateurs
- Le soutien de la direction / du sponsor du projet
- Des besoins clairement exprimés
Qu’est-ce qui fait qu’un projet rencontre des difficultés ?
Cette question a été posée aux mêmes chefs de projet et managers lors de l’étude 2018 du Standish Group.
Voici les 10 facteurs qui amènent des difficultés sur les projets, comme des dépassement du budget, des reports d’échéances ou des fonctionnalités abandonnées alors que demandé initialement par le client.
Facteurs de difficultés des projets | Pourcentage de réponses |
---|---|
Manque de visibilité sur les besoins réels des utilisateurs finaux | 12,8 % |
Besoins incomplets ou pas suffisamment bien décrits | 12,3 % |
Spécifications qui sont modifiées ou qui évoluent au fil du temps | 11,8 % |
Manque de soutien de la direction | 7,5 % |
Manque de compétences sur les technologies choisies | 7 % |
Ressources insuffisantes | 6,4 % |
Attentes irréalistes | 5,9 % |
Objectifs flous | 5,3 % |
Échéances trop rapprochées et intenables | 4,3 % |
Nouvelles technologies | 3,7 % |
Autres | 23 % |
Les 3 facteurs qui mènent le plus à des projets retardés ou qui dépassent le budget sont :
- Le manque de visibilité
- Des besoins incomplets
- Des spécifications modifiées
Qu’est-ce qui fait qu’un projet est annulé ou reporté ?
Même principe, le Standish Group a demandé à des chefs de projets et managers IT quels sont selon eux les facteurs les plus importants qui amènent à une annulation ou un report d’un projet.
Facteurs d’échec des projets | Pourcentage de réponses |
---|---|
Besoin incomplet ou mal exprimé | 13,1 % |
Manque d’implication des utilisateurs finaux | 12,4 % |
Manque de ressources | 10,6 % |
Attentes irréalistes | 9,9 % |
Manque de soutien de la direction / du sponsor du projet | 9,3 % |
Spécifications qui sont modifiées ou évoluent en cours de projet | 8,7 % |
Manque de planning et d’ordonnancement | 8,1 % |
Le projet n’a plus d’utilité | 7,5 % |
Management IT obsolète | 6,2 % |
Problème de compétences sur les technologies | 4,3 % |
Autres | 9,9 % |
Ainsi, les 3 facteurs qui mènent le plus à des projets échoués, annulés ou reportés sont :
- Des spécifications pas assez claires ou incomplètes.
- Le manque d’implication des utilisateurs.
- Le manque de ressources.
Comment mettre toutes les chances de son côté pour réussir ses projets ?
Outre des statistiques surprenantes, ces études menées par le Standish Group nous apprennent quelques points intéressants pour qui veut améliorer la réussite et l’impact de ses projets.
- Découpez vos projets longs et complexes en sous-projets de plus petites tailles. Vos estimations seront ainsi plus précises et la marge d’erreur s’en trouve réduite.
- Utilisez les méthodes agiles telles que Scrum ou Kanban chaque fois que c’est possible. C’est particulièrement vrai sur les projets de développement logiciels.
- Assurez-vous du soutien de la direction ou du sponsor du projet.
- Vérifiez que le besoin est clairement exprimé et que les spécifications ne vont pas trop évoluer dans le temps.
- Impliquez les utilisateurs finaux du produit aussi tôt que possible.
- Garantissez les ressources nécessaires sur votre projet : ressources financières, ressources humaines, …
Pour aller + loin : J’ai listé dans cet article les 15 facteurs-clés de la réussite d’un projet. En jouant sur ceux-ci, et en faisant en sorte que l’ensemble de ces facteurs soient réunis, vous augmenterez sensiblement vos chances de transformer vos projets en succès.